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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 11 décembre 2008 à 21h30
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Rappel au règlement, amendements 289 290 291 292 293

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Seulement, nous considérons que la suppression de la publicité doit s'accompagner d'une augmentation de la redevance, comme cela a été le cas lors de la réforme de la BBC. Dois-je rappeler que, dans notre pays, la redevance est de 116,50 euros, contre 196,50 euros en Angleterre et 200 euros en Allemagne ? Dans ces conditions, la suppression de la publicité ne recouvre pas les mêmes réalités puisque dans les pays que j'ai cités, elle est financée par les téléspectateurs. Cette démarche répond à l'idée que le service public n'est la propriété de personne, qu'il appartient à tous, à commencer par les téléspectateurs qui ont, à ce titre, un droit de regard. D'ailleurs, ceux-ci siègent au conseil d'administration du BBC Trust alors qu'en France, ils sont soumis à la logique du « circulez, il n'y a rien à voir » ! Et bientôt, il n'y aura vraiment plus rien à voir sur les chaînes de service public tant il aura été affaibli.

J'ajoute que, d'un point de vue constitutionnel, nous sommes à front renversé. Quand le Président de la République a annoncé la fin de la publicité le 8 janvier 2008, qu'ont fait les responsables de France Télévisions ? Ils se sont mis en ordre afin qu'il n'y ait plus de publicité le 8 janvier 2009, avant même que nous n'examinions le texte de loi. Et maintenant que nous l'examinons, vous venez nous dire que, du fait de notre prétendue obstruction, vous êtes obligés de prendre la décision par décret. Voici deux éléments qui ne nous semblent absolument pas correspondre à l'esprit de nos institutions, et encore moins à l'esprit de la réforme constitutionnelle, censée donner plus de pouvoirs au Parlement.

Il faut croire que nous ne sommes pas les seuls à nous en offusquer puisqu'un député de la majorité, et non des moindres puisqu'il s'agit de l'ancien ministre François Baroin, aurait tenu ces propos au Président de la République – je cite Le Monde : « En ce qui concerne France Télévisions, je ne suis pas d'accord avec toi. C'est l'ancien journaliste qui te le dit, la télévision, ce n'est pas EDF, cette réforme te reviendra comme un boomerang. » La réponse du Président de la République, on la connaît : « C'est un procès d'intention que tu me fais ». Et il ajoute : « Ce qui rend fous les gauchistes, c'est que, nous, on met le pied là où ils n'ont pas le courage d'aller ».

Je ne sais pas si nous avons des têtes de gauchistes, mais, pour ma part, je n'ai pas l'impression que vous avez des têtes de parrains de la mafia de l'audiovisuel !

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