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...peuvent dépasser les réflexes partisans. Cela est si rare dans nos débats français ! La plupart du temps, on est obligé de choisir son camp et de jouer un rôle écrit à l'avance, sans d'ailleurs prendre toujours la peine d'écouter. Chacun est renvoyé à une catégorie ou à une étiquette. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Sans doute parce que nous n'avons pas digéré certains traumatismes de notre histoire, au cours des dernières décennies. Au lieu de se dire les choses franchement, on s'est enfermé dans le non-dit, puis dans une culpabilisation permanente. La colonisation, la guerre, la décolonisation, les vagues d'immigration qui ont suivi : autant de thèmes douloureux qui ont conduit nos dirigeants successifs à ne plus parler des sujets qui fâchent, à refuser de crever des abcès.
...r une nation qui a besoin d'être rassemblée. Pour vous dire le fond de ma pensée, il faut y aller franchement, ne pas craindre de raconter à l'autre ce que l'on est, ce à quoi l'on croit et d'où l'on vient, ne pas craindre de partager avec l'autre, même si l'on doit laisser échapper quelques larmes d'émotion ou de nostalgie. Il nous faut avoir deux exigences : nous devons être au clair sur notre histoire et sur nos valeurs. Sur notre histoire, d'abord, parce qu'il faut la transmettre.
Or l'histoire n'est pas unique. Elle est commune, parce que nos ancêtres ne sont pas seulement des Gaulois. Et partager cette histoire commune, c'est aussi une manière de parler ensemble d'avenir. Il nous faut ensuite être au clair sur nos valeurs, parmi lesquelles figurent bien sûr la liberté, l'égalité et la fraternité, mais j'y ajoute volontiers la laïcité et la sécurité, parce qu'on ne peut pas se parler ...
...de l'historienne Esther Benbassa : « il n'y a pas de patriotisme français sans rêve français ». Oui, à bien des égards, la France s'est constituée sur un rêve d'elle-même : unir des hommes et des femmes de toutes conditions, de toutes origines, en une langue, une culture, un savoir-vivre ; fonder une communauté de destin qui parle au monde et qui influe sa marche. C'est ce rêve qui a tissé notre histoire, des rois capétiens aux sans-culottes de Valmy. C'est ce rêve qui a engendré les idéaux de la République, de Gambetta à Jules Ferry, des enfants de Jean Jaurès aux héritiers du général de Gaulle. Nous ne sommes pas une race. Nous ne sommes pas une ethnie. Nous ne sommes pas une religion. Nous sommes un peuple multiple qui transcende ses différences dans une communauté de valeurs et d'ambitions. (...
... Nous sommes prêts ; faisons-le ensemble, ce service civique ! Le troisième pilier de notre identité, que vous refusez de voir en face, c'est le modèle social. Il a été évoqué par le Président de la République à Versailles, à propos du Conseil national de la Résistance. Le modèle social français, c'est l'abolition des privilèges qui fait partie de notre patrimoine, au même titre que la langue, l'histoire ou la culture.
Et le Président de la République est même allé jusqu'à effacer l'un des héritages les plus précieux de notre histoire chrétienne à laquelle vous faites si souvent référence et qui est devenue une conquête sociale : le repos dominical. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR. Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
...ce débat. Quand vous dénoncez l'école comme une armée rouge sans cervelle, vous prenez la responsabilité d'ébranler ce quatrième pilier de notre identité nationale : qui sont, aujourd'hui encore, les premiers hussards du civisme ? Les professeurs ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) Qui sont, aujourd'hui encore, les premiers transmetteurs de notre histoire et de sa langue ? Les professeurs !
Et pour seule récompense, vous les privez de considération et de postes. Vous allez même plus loin puisque vous avez décidé de supprimer l'enseignement de l'histoire en terminale pour les classes scientifiques. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) Faut-il alors s'étonner que votre France soit muette ? La grande affaire est au contraire de remettre l'école, l'école publique, au centre de la cité, de lui donner des moyens.
Mes chers collègues, ces derniers jours nous encore ont fourni quelques exemples que nous avons tous en tête. Méfions-nous des emportements que nous ne saurions plus maîtriser. Les tragédies de l'histoire nous ont rapprochés ici, dans cet hémicycle. (M. Emmanuelli apostrophe le ministre. Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Méfions-nous des emportements ! Les tragédies de l'histoire nous ont rapprochés en tout cas, je l'espère. Je sais que nous avons tous le souvenir et la même aversion pour ces hommes du passé qui, malheureusement à cette tribune, désignaient à la vindicte « les mauvais nationaux » en pointant du doigt un président du Conseil parce qu'il était juif. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
...s de notre pays contre Vichy et contre les nazis. Comment ne pas se rappeler cette affiche, inspirée de la xénophobie de la droite nationaliste, qui présentait ces étrangers comme l'anti-France ? Ils font désormais partie du Panthéon de notre mémoire nationale. Mais, de cet épisode, les prochaines générations ne sauront peut-être rien, puisque vous semblez décidés à supprimer l'enseignement de l'histoire dans certaines classes de terminale, à un moment si important dans la formation d'un adulte citoyen. Aujourd'hui, des amalgames abjects se développent entre Français d'origine immigrée, étrangers et délinquants, dans les circulaires ministérielles. Les reprises des slogans du Front national par des représentants de l'État heurtent, je le crois, tous les républicains. Vous ouvrez une boîte de Pan...
...apport à l'altérité, c'est chercher ce qui aujourd'hui nous distingue, nous Français, mais aussi ce qui nous rassemble, c'est savoir qui nous sommes pour mieux porter notre message dans le monde. Dès lors que l'on évoque la nation, on oppose traditionnellement, un modèle germanique, la Heimat, théorisé par Fichte, reposant sur des critères objectifs et tournés vers le passé, tel le partage d'une histoire et de racines communes, à une conception française, héritée des Lumières, où la nation aurait, cette fois, une dimension politique, voire strictement « contractualiste », où elle serait, selon les mots d'Ernest Renan, « un plébiscite de chaque jour » appuyé sur le partage d'une volonté de vivre ensemble. Cette opposition est toujours vivante dans le droit actuel de la République fédérale allemand...
...u service public, c'est le sens de l'effort gratuit, y compris dans la formation et les programmes scolaires. C'est le lien entre science et conscience. Y aurait-il une réponse française aux enjeux de la bioéthique la France, dernier rempart contre la déferlante utilitariste, comme le dit le professeur Munich si les scientifiques de notre pays n'avaient pas cette culture, ces humanités, cette histoire, que nous devons continuer de leur offrir ? L'esprit de don, ce n'est pas l'esprit de créance. Toute revendication, même légitime, ne doit pas nécessairement ébranler l'identité nationale. L'identité nationale, c'est se poser des questions, mais c'est aussi ne pas constamment s'agiter, douter, fragiliser ce qui nous a été offert, ce que nous voulons vivre et transmettre.
... définissons ensemble. Pour lui comme pour moi, être Français ce n'est pas quelque chose de figé, quelque chose dont l'essence nous échapperait pour être décidé par en haut, fût-ce par un ministre. Évidemment, la France, c'est aussi mon mari, ce sont mes quatre enfants, de dix-huit à trois ans, qui se sentent tous français et qui aiment tous leurs origines étrangères. Ils se sentent forts d'une histoire riche. Petits, ils dessinaient, sans qu'on leur dise quoi que ce soit, des drapeaux français, mais aussi grecs. Allez comprendre ! Quand j'ai dit à mes parents que je resterai ici, ils ont été tristes. Quand je suis devenue Française, leurs sentiments n'ont pas changé et ils sont devenus fiers de ce que la France avait fait de moi et de ce que je pouvais y faire. Que peut-on inférer de ces quel...
...ntité, qui est d'abord, pour nous, une réflexion personnelle de chacun, cette réflexion-là est permanente. Qui aurait imaginé un jour qu'elle serait commandée, imposée même, par l'État et le Gouvernement ? Qu'aurions-nous dit si un autre pays avait fait cela ? L'identité de chacun ne se réduit pas à l'identité nationale. Nous défendons une vision autrement plus complexe qui intègre et respecte l'histoire personnelle, familiale et sociale de chacun. Je pourrais à mon tour évoquer l'identité de personnes particulières. C'est l'honneur de la France que de respecter cette liberté essentielle. L'identité de chacun se nourrit de cultures diverses : par exemple, la culture ouvrière, la culture paysanne, la culture maritime, la culture montagnarde Je pourrais allonger la liste pour notre pays. Bien sû...
J'appartiens à une région qui a été agressée puis martyrisée par un gouvernement français terroriste, qui a écrit là une des pages les plus noires de notre histoire. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Et pourtant, le hiatus qui aurait dû se creuser ne s'est pas creusé. Les « colonnes infernales » n'ont pas débouché sur la constitution d'une mémoire locale opposée à la mémoire nationale. Au contraire, cette mémoire locale n'aspire qu'à devenir un chapitre reconnu et assumé de l'histoire nationale. C'est la force de l'appartenance à un héritage...
...istoriques communs vient aussitôt après l'apprentissage de la langue commune. Il faut donner très tôt à nos enfants les clés de compréhension de leur environnement culturel et le sens de la profondeur historique sans la rétrécir. Il faut leur transmettre la longue mémoire de leur pays, qui leur resterait totalement incompréhensible s'ils n'étaient pas tous initiés à la colonisation romaine ou à l'histoire du christianisme. Il faut dire et redire le récit de notre pays pour le faire aimer, au lieu de laisser s'installer l'amnésie de l'histoire nationale. Il faut le faire en utilisant tous les vecteurs que nous offre la technologie et en multipliant les instruments de transmission novateurs. C'est l'appartenance assumée à une histoire commune, avec ses ombres et ses lumières, ses lâchetés et ses hé...