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Intervention de Yannick Favennec

Réunion du 4 mai 2010 à 21h30
Engagement national pour l'environnement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec :

Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, mesdames les secrétaires d'État, mes chers collègues, vous me permettrez d'orienter plus spécifiquement mon intervention sur la partie énergie de ce Grenelle 2, qui vise à renforcer la planification des énergies renouvelables.

Parmi ces énergies renouvelables, l'éolien tient une place importante, mais il est aujourd'hui contesté au nom de la défense du patrimoine paysager. Certes, il faut préserver nos paysages, mais j'imagine que, dans d'autres pays aussi, ce souci existe et que des solutions ont été trouvées.

L'enjeu écologique est évident : nous devons prendre toutes nos responsabilités pour l'avenir de notre planète et de l'humanité. C'est pourquoi, nous nous sommes engagés à produire, d'ici à 2020, 20 % d'énergie renouvelable. La question que nous devons nous poser est celle de savoir comment y parvenir, si nous ne jouons pas sur toute la gamme.

L'enjeu économique est également très important : allons-nous laisser à d'autres la filière industrielle éolienne, comme nous l'avons déjà fait pour la filière photovoltaïque, alors que nous avons les compétences pour développer cette industrie sur notre territoire ? Par exemple, dans ma région, en pays de la Loire, nous avons, avec les chantiers navals, la maîtrise de compétences en chaudronnerie, en mécanique et en électronique. De plus, l'éolien a déjà permis de créer 10 000 emplois en France, et on peut en espérer 60 000 non délocalisables pour 2020.

Si les éoliennes devaient être soumises au régime des installations classées, avec un seuil de puissance de 15 mégawatts, pour éviter le mitage des paysages, c'est toute la filière éolienne qui serait brutalement freinée en France.

Dans les pays de la Loire, sur trente-neuf projets en développement l'année dernière, deux seulement entreraient dans ces nouveaux critères. L'Ouest de la France est une des régions les plus ventées, mais c'est aussi celle où l'habitat est très diffus ; c'est pourquoi, il est très difficile d'y implanter de grands parcs.

Monsieur le ministre, huit Français sur dix acceptent l'éolien, et vous me permettrez de vous parler quelques instants de mon cher département de la Mayenne. En effet, il vit deux situations parallèles.

D'un côté, au nord-ouest, est mis en oeuvre le projet de ligne à très haute tension, Cotentin-Maine, qui va impacter la beauté des paysages du bocage et dont on ne connaît pas les conséquences réelles pour la santé humaine, mais également pour la faune et la flore, faute d'étude épidémiologique, que nous vous réclamons, monsieur le ministre, depuis des mois et des mois.

Au nord-est de la Mayenne, depuis maintenant deux ans, des zones de développement éolien ont été réalisées et je puis vous assurer qu'elles sont majoritairement bien accueillies par la population et portées avec enthousiasme par l'ensemble des élus. Elles sont, en tout cas, beaucoup mieux accueillies que la ligne à très haute tension, rejetée par la population, par les associations et par une grande majorité des élus, selon des critères objectifs.

Monsieur le ministre, les Mayennais préfèrent voir s'ériger des éoliennes, synonyme de croissance verte, parce qu'il y a des emplois respectueux du développement durable à la clé, et parce que cela témoigne d'un respect de la santé humaine et de la biodiversité, plutôt que de voir des pylônes hideux et des fils à très haute tension au-dessus de leur tête, avec toutes les craintes qu'ils suscitent.

C'est pourquoi je vous demande aujourd'hui solennellement, dans le cadre de cette discussion parlementaire, de ne pas freiner le développement de l'éolien, énergie naturelle d'avenir, mais, au nom du principe de précaution, d'encadrer et de contraindre davantage l'installation de lignes à très haute tension dont les nuisances sont avérées.

J'ai d'ailleurs déposé, avec mes collègues du Calvados et de la Manche, deux amendements qui visent, d'une part, à soumettre au régime des installations classées les lignes à très haute tension et, d'autre part, à contraindre RTE, dont je voudrais ici souligner le profond mépris manifesté à l'égard des populations locales et des élus, à enfouir au moins 30 % des lignes à très haute tension d'ici à 2015.

Par ailleurs, monsieur le ministre, un amendement propose de ne pas installer d'éolienne à moins de 500 mètres d'une habitation. Si je suis favorable à cette mesure, je souhaite qu'elle soit également appliquée aux lignes à très haute tension.

J'ai déposé, il y a quelques mois, une proposition de loi qui va dans ce sens et fixe une distance de sécurité de 300 mètres. Si vous estimez que les éoliennes sont nuisibles pour la population à moins de 500 mètres, il est évident qu'il en est de même pour les lignes à très haute tension. C'est pourquoi je ne doute pas pouvoir compter sur votre sens de l'équité afin qu'il n'y ait pas deux poids, deux mesures.

Pour conclure, monsieur le ministre, permettez-moi d'émettre un voeu : celui de ne pas laisser dépérir cette fibre verte que vous avez su cultiver jusque là, avec un énorme talent, beaucoup de culot, et un vrai volontarisme politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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