M. Éric Raoult attire l'attention de Mme la secrétaire d'État chargée de l'outre-mer sur le développement et la prévention des cas de ciguatera dans nos espaces outre-mer. En effet, ce que les médecins dénomment une toxi-infection alimentaire collective survient très fréquemment dans les familles en outre-mer, après l'ingestion de poisson. La présence de toxines, même dans du poisson frais, serait la cause des ces intoxications assez fréquentes dans nos îles d'outre-mer. Il apparaît malheureusement que, si ces intoxications semblent se développer, la prévention, notamment par une information efficace, ne paraît pas suffisante. De nombreuses personnes restent dans une certaine ignorance des risques encourus par les consommateurs de certains poissons. Il conviendrait donc de prévoir et de diffuser une meilleure information sur cette ciguatera. Il lui demande donc de lui indiquer sa position sur ce dossier.
La ciguatera est un problème de longue date dans le Pacifique Sud mais aussi dans l'Océan indien et dans les Caraïbes et plus particulièrement quand les ultra-marins vivent de la pêche de subsistance et de la pêche commerciale dans les récifs coralliens. La ciguatera est une intoxication consécutive à la consommation de poissons contaminés par une microalgue marine la Gambierdiscus toxicus qui croit dans les écosystèmes coralliens tropicaux. Les toxines produites par cette microalgue deviennent plus puissantes à mesure qu'elles s'accumulent à travers la chaîne alimentaire marine si bien qu'une dose infime suffit à être toxique pour les humains. Les grands poissons comme le barracuda, la murène, le mérou et les carangues sont les plus susceptibles de provoquer un empoisonnement. La maladie, bien que rarement mortelle, est souvent chronique et son traitement est exclusivement symptomatique. L'algue prolifère épisodiquement mais surtout lorsque le corail est endommagé. Sa toxicité varie selon l'espèce, la localité et l'âge du poisson. Ainsi, il est difficile de prévoir quels poissons sont impropres à la consommation. Le risque de ciguatera a conduit à une diminution significative de la pêche dans les lagons coralliens et entraîné une plus grande dépendance des populations locales vis-à-vis des aliments importés. Ce risque concerne aussi les exportations de produits à base de poissons du lagon. Par conséquent, en l'absence de traitement efficace, la prévention reste essentielle pour minimiser le nombre d'intoxications et elle passe notamment par une information efficace de la population. Il s'agit en particulier d'alerter sur les espèces à risque et les organes à ne pas consommer. Le Président de la République vient de réunir le premier Conseil interministériel de l'outre-mer le 6 novembre 2009 et a rappelé à cette occasion l'importance de la prévention pour la santé des ultra-marins. La prévention et l'éducation à la santé vont être renforcées avec une communication plus opérationnelle en direction des publics cibles. Dans ce contexte, des campagnes, pilotées par les futures agences régionales de santé, pourront prévoir et diffuser localement une meilleure information sur la ciguatera.
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