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Éric Raoult
Question N° 51946 au Ministère de la Culture


Question soumise le 16 juin 2009

M. Éric Raoult attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur le contenu inadmissible des messages et des paroles de certains groupes musicaux de rap. En effet, certains de ces groupes, sous prétexte de création et de liberté d'expression, font preuve de vulgarité et de provocation, dans des chansons qui débordent de violence et de racisme. Cette situation se caractérise notamment par des paroles anti-blanc et d'appel au meurtre contre des policiers. Si la création artistique a toujours été synonyme de remise en question de l'ordre établi et de contestation des autorités, ces chansons doivent avoir un minimum de respect pour la personne humaine. Et cela, quelle que soit son origine, sa fonction, ou sa place dans la société. Cette musique étant principalement écoutée par la jeunesse, il ne faut guère s'étonner qu'elle suscite des phénomènes d'exacerbation, des tensions, des frustrations et des réactions de haine et de rejet. Dans la période de crise économique et de désarroi social, il devient urgent de se pencher sur ce phénomène qui est inquiétant, car il n'est pas accidentel ou ponctuel. Il constitue une fausse mode provocatrice qui stigmatise la banlieue et sa population. Il conviendrait, donc, qu'en liaison avec sa collègue chargée de la politique de la ville, il puisse être mené une réflexion sur des règles de respect à mettre en place dans l'acceptation d'édition des oeuvres semblables. L'avant-garde ne veut pas dire l'appel à la violence et à la haine de l'autre. Il lui demande, en conséquence, de lui préciser sa position sur ce dossier.

Réponse émise le 8 septembre 2009

D'une façon générale, les démarches artistiques perçues comme choquantes ou de nature à inciter à la haine ou à la violence soulèvent, au regard du respect de la liberté d'expression, une question de principe très importante, dont le traitement par les autorités publiques s'avère cependant particulièrement difficile. Comme il est de règle dans un État de droit, les limites de cette liberté sont fixées par les tribunaux sous le contrôle du juge et, en dehors de ces mécanismes, il n'est pas envisageable d'intervenir par la voie administrative pour contraindre des artistes à atténuer les propos qu'ils expriment dans le cadre de leur production. Il convient par ailleurs de souligner, comme l'illustre toute l'histoire de la création artistique, qu'une oeuvre ne peut se réduire à la seule perception des paroles ou des images qu'elle véhicule. Sa compréhension doit au contraire prendre en compte la part de fiction qu'elle recèle et, dans la plupart des cas, la distance qui la sépare d'un strict message de haine ou de violence. La musique rap n'échappe pas à ces considérations mais elle présente la particularité de reposer sur un processus artistique souvent lié à la provocation ou à l'expression directe d'un malaise social, ce qui rend plus difficile encore l'appréciation de son impact auprès du public. C'est pourquoi, sans renier le principe fondamental de la liberté de création, l'État est prêt à dialoguer sur cette question avec les collectivités territoriales, les relais professionnels de la création et de la diffusion musicale, de l'édition phonographique et les artistes eux-mêmes, pour rechercher les repères de déontologie et de responsabilité qui permettraient d'éviter que se développent des situations de conflit comme celles qui se sont révélées, voici quelques semaines, à l'occasion des festivals de Bourges et de La Rochelle.

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