M. Éric Raoult attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie sur la polémique qu'a suscitée le choix du candidat français au concours de l'Eurovision 2008. En effet, sans entrer dans le débat subjectif du contenu réellement artistique de ce nouveau chanteur, on peut par contre s'interroger sur l'image qu'il véhicule de notre pays, par le contenu de cette chanson et le fait qu'une large partie soit d'expression anglaise. Il paraît peu cohérent que la France veuille développer sa langue quand notre pays est parallèlement représenté par un candidat controversé "chantant" en anglais. Il pourrait s'avérer utile qu'une réflexion puisse être lancée en ce domaine avec sa collègue chargée de la culture et avec les responsables du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Il lui demande donc s'il compte répondre positivement à cette suggestion.
Le parlementaire s'est ému à juste titre des conditions de la participation française au concours de l'Eurovision 2008. Le secrétaire d'État à la coopération et à la francophonie en avait pris l'exacte mesure dès qu'il avait appris que le représentant français à ce concours international de chanson, dont la télévision publique est partenaire, se préparait à chanter en anglais. Du Québec, où il était en mission à la mi-avril, le secrétaire d'État avait fait connaître son indignation en indiquant : « Quand on a l'honneur de représenter la France, on chante en français ». Deux heures à peine après son retour à Paris, il rencontrait le producteur de cet artiste. Au demeurant, contrairement à ce qui a été rapporté par des médias, un disque de cet interprète, diffusé en février 2008, proposait des chansons en différentes langues dont le français, l'anglais et le japonais. Outre le communiqué du secrétaire d'Etat publié alors, un autre, daté du 22 mai, a fait le point sur cet épisode regrettable et avancé des propositions pour qu'il ne se reproduise plus. Le choix de France télévision, a-t-il été indiqué, s'est porté sur une chanson de cet interprète exécutée en anglais. Le chanteur a essayé d'en produire une version en langue française, mais le format artistique ne s'y prêtait pas. Comprenant l'enjeu, l'artiste a proposé d'intégrer des éléments de référence au français dans l'interprétation de sa chanson. Le secrétaire d'Etat a saisi France télévisions pour s'étonner qu'une chaîne importante du service public de l'audiovisuel français ait suscité et validé le choix d'une chanson en langue anglaise. Il a demandé expressément qu'une telle situation ne se reproduise plus lors des prochaines éditions du concours et émis le voeu qu'une convention puisse être signée entre France télévisions et le secrétariat d'État à la coopération et à la francophonie pour que soit garantie, quel que soit le mode de sélection, l'interprétation en langue française de la chanson retenue pour la sélection française. C'est dire que la suggestion du parlementaire, visant à lancer une concertation au sein des instances publiques, est particulièrement opportune s'agissant de questions associant le domaine de la culture, de la communication et de l'audiovisuel. Enfin le secrétaire d'État a pris l'attache de militants de la promotion de la langue française afin de leur montrer qu'il partageait entièrement la déception du mouvement associatif devant le déroulement de l'Eurovision 2008. D'une façon générale, la France compte beaucoup sur les arts et les médias pour diffuser notre langue, comme l'a montré la présence (pour la première fois dans l'histoire de la francophonie institutionnelle) du Président de la République et, à ses côtés, du secrétaire d'État, aux événements festifs qui ont marqué la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars 2008. Un intérêt particulier est dévolu à la diffusion de la chanson française à l'étranger par les médias des pays francophones, TV5 au premier chef, mais aussi par les clubs de vacances français et les chaînes hôtelières françaises installés dans le monde entier qui, proposant une animation culturelle et musicale en langue française, contribuent à faire aimer notre pays, ses modes d'expression artistique et la francophonie. Pour répondre à la demande de publics très divers et susciter un enseignement moderne et vivant du français, le ministère des affaires étrangères et européennes favorise depuis de nombreuses années la diffusion et la création d'outils innovants incluant la musique, qu'ils soient multimédias (sites internet, cédéroms, cours en ligne) ou audio-visuels (cassettes et disques numériques polyvalents avec extraits d'albums musicaux, pastilles d'animation musicale). Enfin, le service des affaires francophones subventionne plusieurs festivals de musique et de chanson d'expression française se déroulant en France, « Les Déferlantes francophones », « Musiques métisses » ou « Africolor », tandis que les ambassades soutiennent les festivals équivalents à l'étranger.
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