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Interventions sur "identité" de Serge Letchimy


7 interventions trouvées.

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, M. Luca vient de dire qu'il n'y avait rien d'indigne à poser la question de l'identité ; mais ce qui est indigne, c'est de l'instrumentaliser. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Vous refusez la repentance, monsieur Luca ; mais reconnaissez au moins la colonisation et le crime de l'esclavage.

L'offensive relancée par l'équipe gouvernementale sur l'identité nationale s'inscrit dans une logique politique dont la ficelle est un peu grosse. Il s'agit évidemment de maintenir l'épicentre du débat électoral sur des perspectives nationales sécuritaires, au détriment d'une autre question bien plus structurante, mais qui vous est beaucoup moins favorable électoralement : celle de savoir si la richesse nationale est équitablement partagée. (Approbations sur p...

Tel est bien l'usage du fameux thème du communautarisme, devenu bizarrement omniprésent au moment même où s'opérait la conversion française au néolibéralisme. Comme toujours, la posture nationaliste sert à échapper aux attendus de la question sociale chère à Jaurès, au prix d'une xénophobie et d'une discrimination galopantes. Bref, annoncer que l'on décrétera l'identité nationale et définir quelque chose d'aussi subjectif relève en réalité d'une formidable prétention qui en dit long sur la conception bien restrictive que vous avez de la société contemporaine. La France d'aujourd'hui, monsieur le ministre, plonge ses racines dans toutes les régions d'Europe, d'Afrique, du Moyen-Orient, d'Asie, d'Amérique, des Caraïbes et d'Océanie.

...a richesse. La France telle que vous la concevez, monsieur le ministre, me paraît hors du temps, un peu comme l'homme africain dans l'idéologie coloniale, décrit de manière pour le moins inopportune par le Président de la République à Dakar. En raison du poids de son héritage colonial et de son statut ancien de pays d'immigration, la France, moins que tout autre pays, ne saurait être réduite à l'identité étriquée que vous tentez de nous imposer. Ce pays correspond bien plus sûrement à un vaste espace d'affiliations multiples, plurielles et en interdépendance constante. La nation n'est donc pas une éternité mais le produit d'un métissage sans cesse renouvelé entre une multitude d'intérêts et d'appartenances sociales, culturelles et politiques qui ne s'excluent pas les unes les autres. Dans l'espa...

...rticuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers. » Il est temps de rejeter le vieil assimilationnisme ethnocentrique hérité de la Troisième République ; il est temps de penser l'universalité dans la diversité. Le même Aimé Césaire nous mettait en garde : « Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. » Et il nous invite, au contraire, à une « identité non pas archaïsante dévoreuse de soi-même, mais dévorante du monde, c'est-à-dire faisant main basse sur tout le présent pour mieux réévaluer le passé et, plus encore, pour préparer le futur ». (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

...lonisation et les déplacements de populations qui ont « compensé » de nombreux génocides. Je viens de plusieurs continents et, chaque jour de ma vie, je suis en présence de plusieurs cultures, de plusieurs langues, de plusieurs mémoires. Et, autant que je m'en souvienne, toute mon enfance a été habitée par plusieurs dieux qui s'accordaient entre eux pour nous aider à combattre les misères. Cette identité mosaïque structure mon imaginaire sans faire de moi un suspect, à l'image des immigrés. Elle me confère, au contraire, une vision du monde souvent inconfortable, mais toujours très riche, complexe et très ouverte. C'est parce que je suis de cette diaspora du monde que je porte sur la France, sa République et ses urgences, le regard du citoyen et la vision de l'étranger. C'est parce que je porte ...

...tresses des immigrations contemporaines, les changements climatiques, demandent une grande politique nationale qui vise à obtenir des régulations européennes, des organisations mondiales. La crispation nationale répressive est en fait une absence de vision, un manque d'ouverture et d'audace, une ignorance de la complexité du monde ; en clair, c'est une absence de politique. C'est au nom de cette identité nationale, au nom de cette beauté, que je ne voterai pas votre projet de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)