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Intervention de Daniel Goldberg

Réunion du 19 février 2009 à 9h30
Lutte contre les discriminations — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Goldberg :

Car ce ne sont pas seulement quelques réussites individuelles qu'il faut favoriser, mais la réussite du plus grand nombre pour le bien de tous. Notre conception de la réussite républicaine ne se résume pas à l'individualisme comme moteur. Il nécessite un cadre protecteur, qui promeut la réussite du plus grand nombre. Les inégalités, dans ce domaine aussi, se combattent par des mesures fermes. C'est le sens de nos propositions.

J'entends souvent dire que ces jeunes sont l'avenir de notre pays, voire l'avenir de la République. Cela signifie quelque part qu'il faut laisser passer une génération, que, dans vingt ans, la question sera réglée. Non, ces jeunes – et ces moins jeunes ! – sont bien le présent de notre pays, actifs, diplômés qui voient trop souvent le « plafond de verre » se dresser au-dessus d'eux.

Quelles actions devons-nous privilégier ? Il faut, bien sûr, renforcer les moyens de contrôle et de répression contre les discriminations à l'embauche. Les prérogatives de la HALDE, mais aussi ses moyens et son personnel, doivent augmenter en conséquence. En complément, un recrutement à la hausse d'inspecteurs du travail est nécessaire.

Mais ces deux exigences dans le domaine du contrôle et de la répression ne doivent pas en faire oublier une troisième. En effet, dans le domaine de la sous-traitance, la responsabilité des donneurs d'ordres est trop souvent occultée, si bien que la lutte contre les discriminations est affaiblie. Cette situation vaut également pour le respect du droit du travail, et le cas des travailleurs sans-papiers atteste que certains secteurs de notre économie prospèrent trop souvent sur de telles discriminations. La responsabilité des acteurs doit donc, là aussi, être fermement engagée.

Mais le contrôle et la répression ne sont pas les seules voies d'action efficaces pour lutter contre les discriminations. À l'instar d'autres domaines, la prévention est, là aussi, nécessaire. En dépit de la multiplication des chartes de bonne conduite, l'existence de réseaux relationnels est souvent décisive pour faciliter le premier emploi. Afin de lutter contre cette inégalité, une meilleure formation des recruteurs et une plus forte incitation des acteurs économiques sont des formes attendues d'engagement de l'État. L'instauration d'un tutorat entre un salarié proche de la retraite et un jeune est un autre outil que la puissance publique pourrait faciliter. De la même manière, une grande campagne de recrutement dans la fonction publique en direction des jeunes des quartiers populaires constituerait un moyen d'action qu'il faudrait promouvoir.

L'emploi, ce n'est pas seulement un salaire, ce n'est pas uniquement un statut social, c'est aussi une marque de confiance, y compris dans les responsabilités confiées. Là encore, l'investissement de l'État est nécessaire pour montrer l'exemple et briser les logiques qui font que, dans de trop nombreuses entreprises, la diversité s'estompe au fur et à mesure que l'on grimpe dans les niveaux hiérarchiques. Ces discriminations, que connaissent également les femmes dans leur déroulement de carrière, doivent être, de la même manière, combattues.

C'est par ces différentes actions publiques que nous donnerons des signes tangibles de la volonté d'agir concrètement, de lutter contre les stéréotypes, de ne pas stigmatiser les jeunes issus des quartiers populaires comme une nouvelle classe dangereuse. Cela nécessite aussi que le Gouvernement soit clair et efficace dans son action. Je dois dire que nous nous perdons un peu dans les diverses responsabilités qui existent aujourd'hui entre certains ministres, différents secrétaires d'État, un haut-commissaire et un commissaire récemment nommé, tous peu ou prou membres du Gouvernement. Si la lutte contre les discriminations doit être une cause nationale, l'éparpillement des responsabilités entre au moins cinq membres du Gouvernement interroge…

Prenons garde, chers collègues, la France avance plus vite que nos lois, plus vite que la perception que nous pouvons avoir parfois dans cette assemblée. Alors, quand la chanteuse Diam's met en évidence « Ma France à moi » ou quand Abd al Malik décrit « cette France qui est belle par ces visages gui s'entremêlent »…

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