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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 1er décembre 2008 à 16h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Les qualités professionnelles peuvent être les meilleures du monde, chers collègues, mais lorsque les principaux responsables d'un organisme audiovisuel et les responsables du Gouvernement chargés de conduire la politique extérieure de la France entretiennent des liens qui vont bien au-delà de la seule amitié, on est en droit de s'inquiéter de cette atteinte au principe purement démocratique de la séparation des pouvoirs, tel que fixé par Montesquieu ! On est également en droit de dénoncer le principe consistant, au nom du pragmatisme, à nommer le président de France Télévisions directement en conseil des ministres, ce qui crée un lien consubstantiel de dépendance ! Vous pouvez trouver tous les arguments que vous voudrez pour qualifier le périmètre de la compétence des responsables, il y a effectivement un lien incestueux qu'il convient de dénoncer !

Nous devons également nous élever contre la manière dont France 24 a été constituée. Nos collègues Didier Mathus et Patrick Bloche l'ont expliqué tout à l'heure avec force. Nous savons bien quelles ont été les discussions, quel a été l'influence de la société TF1, qui a tout fait pour éviter tout concurrent éventuel, qui est entrée au rabais dans cette société France 24 et qui, maintenant, réclame dix fois, cent fois, mille fois plus que ce qu'elle y a joyeusement investi ! Ne prenons pas les Français – et surtout ceux de l'extérieur – pour des imbéciles !

Et lorsque vous nous expliquez que vous voulez mettre en place une holding – qui n'est plus une société publique –, on sait quel organisme est visé : RFI, qui a déjà eu bien des soucis avec nombre de roitelets de Françafrique. Souvenons-nous des conditions dans lesquelles ont été jetés en prison des journalistes et des correspondants de RFI – certains y ont perdu la vie –, qui se sont retrouvés à servir variables d'ajustement des relations entre le Gouvernement, et ceux qui l'ont d'ailleurs précédé, et certains responsables africains ! Il n'est jusqu'au maire de Mulhouse, qui avait préféré changer de rive pour entrer dans ce gouvernement, qui s'est vu dépouiller de ses responsabilités de ministre de la coopération sur ordre d'un grand démocrate bien connu de chacun – M. Albert-Bernard Bongo, président du Gabon, qui a encore la haute main sur les relations entre la France et l'Afrique ! Le malheureux est désormais chargé des anciens combattants. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Je n'ai rien contre les anciens combattants ! Vous vous offusquez chaque fois que l'on parle d'anciens, de combattants ou de Marseillaise ! Arrêtez d'instrumentaliser ce genre de vertu outragée (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) et considérez avec moi que votre ami le maire de Mulhouse a été sanctionné sur ordre de M. Bongo ! Nous savons bien que la politique extérieure de la France – et en particulier la politique africaine de la France – n'est pas menée par que ne sais quel sous-secrétariat d'État, mais par des cabinets noirs de la République qui se trouvent à l'Élysée, rue Saint-Honoré !

RFI est effectivement aujourd'hui menacée d'être totalement absorbée dans cet audiovisuel extérieur de la France. Mes collègues ont insisté sur la disparition d'un certain nombre d'antennes de RFI : ainsi le bureau de Berlin, hautement symbolique. Les journalistes de RFI protestent, à juste titre. Mais le bureau de Berlin ne sera pas le seul à fermer : un certain nombre de lieux très importants pour la connaissance de ce qui se passe dans le monde, que ce soit en Asie, en Amérique latine, au Proche-Orient ou en Afrique, sont appelés à disparaître.

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