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Intervention de Patrice Martin-Lalande

Réunion du 1er décembre 2008 à 16h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Martin-Lalande :

Ces critiques portaient sur l'empilement des structures, la multiplicité des tutelles, les coûts de fonctionnement, l'insuffisante adéquation des modes de communication aux usages de chaque région du monde, ou encore l'absence de synergie entre des intervenants dont les missions étaient pourtant complémentaires.

C'est pourquoi l'on doit objectivement se réjouir de l'engagement du chantier de réforme de l'audiovisuel extérieur, initié par le Président de la République à l'été 2007.

Le travail conjoint de la commission des finances et des magistrats de la troisième chambre de la Cour des comptes, présidée par Jean Picq, a donné lieu au rapport d'information dont je parlais il y a quelques instants.

Les propositions de la mission pilotée par l'Élysée ont, par ailleurs, abouti à définir un objectif et à fixer une double mission à notre audiovisuel extérieur.

L'objectif est d'offrir une alternative au choix largement binaire entre les médias anglo-saxons – CNN, BBC – et ceux du Golfe – Al-Jazeera. Notre pays doit ainsi pouvoir proposer un « alter-média global » fondé sur les valeurs de la France et de la francophonie.

Une double mission est assignée à l'audiovisuel extérieur français : une mission d'influence d'abord – la France devant rivaliser avec les grands médias internationaux –, une mission culturelle ensuite – la France devant promouvoir ses valeurs : démocratie et confrontation des opinions, défense du multilatéralisme, diversité culturelle, laïcité, art de vivre, à côté des médias anglo-saxons ou arabes.

Voici venu le temps de la réforme avec des structures rénovées pour un pilotage opérationnel enfin clarifié, dont l'axe principal est la création d'une société holding ayant vocation à regrouper l'ensemble des participations publiques dans les sociétés de l'audiovisuel extérieur – RFI, France 24 et TV5 Monde – à l'exception de Canal France internationale – CFI – dont la vocation de coopération serait réaffirmée, la faisant de fait sortir du champ de l'audiovisuel extérieur.

L'audiovisuel extérieur de la France – dénomination provisoire, rassurez-vous – aura également pour mission de définir une stratégie globale. M. Alain de Pouzilhac, président-directeur général d'AEF, a, en ce sens, récemment présenté un plan d'action stratégique pour la période 2009-2013 assorti d'un plan de financement pluriannuel.

Le constat est partagé par l'ensemble des acteurs : l'audiovisuel extérieur souffre d'une déficience de pilotage politique et administratif. Ainsi, certaines sociétés doivent parfois dialoguer avec plusieurs administrations différentes, que je m'abstiendrai d'énumérer ici.

Dans la réforme qui va se concrétiser, il est envisagé de confier le pilotage politique à une structure souple qui prendrait la forme d'un comité directeur regroupant les directeurs des administrations centrales concernées – services du Premier ministre, affaires étrangères, culture, budget et économie avec l'Agence des participations de l'État – et qui se réunirait périodiquement pour décider des orientations politiques à donner à l'action audiovisuelle extérieure de la France.

Trois questions sont en cours de règlement : celle de la holding AEF qui doit à terme contrôler 100 % de France 24 ; celle des relations financières entre les partenaires de TV5 Monde, qui nécessitent un rééquilibrage des financements multilatéraux, envisagé dans le contexte du futur plan stratégique 2009-2012 – serait ainsi opéré un rééquilibrage des frais communs par les partenaires non français, ce qui ne pourrait qu'améliorer notre situation de partenaire de TV5 Monde ; enfin, la réforme de l'audiovisuel extérieur suppose, on l'a souligné, que RFI soit détenue à 100 % par la holding AEF. Ce point juridique étant réglé, il ne soulève aucun problème particulier.

Ce texte nous propose une véritable refondation de l'audiovisuel extérieur de la France – elle était, c'est vrai, attendue depuis longtemps. Elle s'impose aussi si nous voulons que notre pays continue d'apporter, dans le monde numérique d'aujourd'hui, son irremplaçable contribution au pluralisme mondial de l'information et de la culture.

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