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Intervention de Sandrine Mazetier

Réunion du 1er décembre 2008 à 16h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mazetier :

« …, accueillons avec un sentiment d'incompréhension et de regret le projet de suppression des émissions de Radio France internationale en langue polonaise. » Je vous passe la lecture de l'intégralité de cette tribune ; sachez simplement que ses signataires, qui se comptent par milliers, incluent Aleksander Kwasniewski, la prix Nobel de littérature Wislawa Szymborska, l'écrivain Marek Halter, l'ancien ministre des affaires étrangères Wladyslaw Bartoszewski, les cinéastes Roman Polanski, Agnieszka Holland, Jerzy Skolimowski, le chef d'orchestre Marc Minkowski, les metteurs en scène Jacques Lassalle et Krzysztof Warlikowski, de la Comédie française, Andrzej Seweryn, la scénographe Malgorzata Szczesniak, et bien d'autres personnalités tout aussi brillantes et célèbres.

En mettant fin à ces émissions, on sacrifie l'information dans des zones stratégiques, et non des moindres, du monde dangereux dans lequel nous vivons. Il n'est pas sans ironie que la nouvelle directrice générale d'AEF soit l'épouse d'un ancien administrateur pour l'ONU au Kosovo. Supprimer, par exemple, des émissions en langue albanaise n'est pas totalement anodin pour des responsables politiques qui savent à quel point l'information la plus objective possible est non seulement indispensable, mais souvent vitale, dans des régions déstabilisées où la violence est à fleur de peau, et parfois au bout du fusil.

Vous allez faire disparaître des émissions un peu partout dans le monde. Ainsi en Afghanistan : c'est vrai qu'il ne s'y passe rien ! Le fait d'émettre à la radio dans cette région du monde n'a naturellement aucune importance pour les enjeux stratégiques et le rayonnement de la France, ainsi que pour la compréhension de l'action de la France dans ce pays ! Vous supprimez la rédaction laotienne. Sans doute avez-vous remarqué, mes chers collègues, qu'il ne se passait rien en Asie en ce moment !

Si ces décisions de réorganisation n'étaient que de nature d'ordre technique, voire technocratique, nous pourrions les excuser ; mais derrière, il y va des droits de l'homme, du droit à l'information et du rayonnement de la France, ne serait-ce que de la compréhension de ce que fait la France dans ces zones du monde, de sa capacité à donner accès sur les ondes à des voix opprimées et persécutées dans leur propre pays. Autant dire que nous ne pouvons nous réjouir de la présence de cet article 2 dans le projet de loi.

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