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Intervention de François Loncle

Réunion du 1er décembre 2008 à 16h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Loncle :

Rien d'autre que l'affaiblissement programmé des chaînes composant l'audiovisuel extérieur de la France et une incontestable volonté de contrôle politique. Mon collègue l'a dit, TV5 Monde a été déstabilisée et affaiblie par le traitement qu'elle a subi. À cet égard, les protestations de nos amis canadiens contre nos prétentions à traiter unilatéralement le problème étaient édifiantes.

Pour ce qui est de France 24, loin de moi l'intention de porter une attaque personnelle, mais je suis pour ma part très gêné que la directrice générale déléguée soit l'épouse du ministre des affaires étrangères : ce lien est inacceptable dans un système démocratique. Imaginez notre réaction si M. Bongo, président de la République du Gabon – je choisis un pays au hasard –, nommait sa femme directrice générale de la télévision gabonaise !

On nous dit que cela n'a pas d'importance, car toute sa carrière montre qu'il s'agit d'une personne indépendante, qui respectera la liberté des journalistes ; ce n'est hélas pas le cas. En effet, le quai d'Orsay a déjà fait pression de manière flagrante sur la rédaction pour obtenir le licenciement d'un journaliste de RFI.

Mme Ockrent et M. de Pouzillac dirigent désormais France 24 et RFI ; or M. Richard Labévière, journaliste connu de RFI, spécialiste du Proche-Orient, vient d'être licencié à la demande de la directrice générale et sous la pression du quai d'Orsay, uniquement parce qu'il avait osé programmer un entretien avec le président syrien Bachar el-Assad avant que les relations franco-syriennes ne s'améliorent et que le Président de la République lui-même ne se rende en Syrie, après la visite de Bachar el-Assad le 13 juillet dernier, lors du sommet de l'Union pour la Méditerranée. Ainsi, l'incroyable zèle du quai d'Orsay et de sa représentante à RFI ont permis le licenciement de ce confrère ; c'est totalement inadmissible, mais ce n'est là qu'un exemple malheureusement amené à se reproduire.

Didier Mathus l'a dit : RFI est une chaîne indispensable, très écoutée dans le monde entier, et dont ceux d'entre nous qui ont eu l'occasion de séjourner à l'étranger, notamment les membres de notre commission des affaires étrangères, mesurent l'importance. Les journalistes de RFI interviennent d'ailleurs sur France Inter, sont en liaison avec l'AFP et effectuent un travail remarquable de spécialistes. Je le répète, RFI, l'une des meilleures radios internationales au monde, a toujours promu l'image extérieure de la France.

Or voilà que l'on y supprime six rédactions – première des mesures de compression qui concourent à l'entreprise de dépeçage que prépare ce projet de regroupement, ou plutôt de contrôle politique. La direction de RFI a ainsi décidé de mettre fin à ses programmes en six langues : l'allemand – bel hommage à la relation privilégiée entre la France et l'Allemagne ! –, l'albanais, le polonais, le serbo-croate, le turc et le laotien.

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