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Intervention de Didier Mathus

Réunion du 1er décembre 2008 à 16h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Mathus :

Madame la présidente, madame la ministre de la culture et de la communication, mes chers collègues, l'article 2 du projet de loi concerne l'organisation de l'audiovisuel extérieur de la France, l'AEF. Le regroupement des forces de l'audiovisuel extérieur n'est pas, en soi, une mauvaise chose, mais la forme qu'il a prise depuis un an et son aboutissement à travers ce projet de loi méritent des éclaircissements et appellent des critiques.

L'aventure cocasse que nous avons vécue lorsque M. Benamou, conseiller de l'Élysée, s'est emparé de cette affaire a objectivement eu pour seul résultat d'affaiblir la position de la France au sein de TV5 Monde. Cette dernière entité, je le rappelle, réunit plusieurs télévisions francophones – belge, suisse et canadienne –, auxquelles s'ajoute la France. Or M. Benamou a cru pouvoir entièrement instrumentaliser TV5 Monde comme s'il s'agissait d'un élément parmi d'autres de l'audiovisuel extérieur français, manifestant ainsi une incompréhension totale de la nature même de la chaîne et de ses atouts.

Chaîne de télévision multilatérale, TV5 Monde constituera en effet un outil extrêmement précieux lors des changements que continuera de connaître le monde dans les années à venir. Nous devons donc préserver et protéger ce modèle de média. Au lieu d'en tenir compte, M. Benamou et, derrière lui, l'Élysée et l'appareil gouvernemental français ont tenté une réforme qui n'a abouti à rien, sinon à froisser nos partenaires francophones, qui ont très mal pris cette tentative et rejeté les propositions françaises à la conférence de Lucerne. Aujourd'hui, la France est plutôt en difficulté au sein de TV5 Monde.

En outre, l'organisation générale de l'audiovisuel extérieur français suscite plusieurs interrogations.

Tout d'abord, l'attelage réunissant France 24, RFI et TV5 Monde – jusqu'à un certain point, puisque la chaîne ne peut être entièrement contrôlée par la France – est tout à fait étonnant. Tous ici se souviennent, car nombre d'entre nous y ont été associés, des conditions scandaleuses de création de France 24, chaîne de télévision à vocation internationale. Son capital a été réparti à parts égales entre France Télévisions – la télévision publique – et TF1, de manière quelque peu inattendue puisque cette dernière chaîne s'était montrée peu intéressée par le projet avant que l'intervention du Gouvernement de l'époque ne la conduise à participer à 50 % au capital de France 24, ce qui représentait alors 17 000 euros.

Or, lorsque les négociations visant à la faire sortir du capital de France 24 ont débuté, TF1 a réclamé 80 millions d'euros ! Finalement, la somme sera sans doute très inférieure ; c'est heureux, car cette revendication était proprement exorbitante s'agissant d'un investissement vieux de trois ans et limité à 17 000 euros. On peut toutefois regretter la manière dont l'affaire a été menée depuis trois ans : c'est un peu « Les Pieds Nickelés font l'audiovisuel » ! Nous en avons vécu ici même plusieurs épisodes ; aujourd'hui, l'avenir de ce dispositif suscite d'importantes interrogations.

Je passe sur l'anecdote du nom de cette grande entité : s'étant aperçu à la veille du dépôt que la dénomination « France Monde », initialement retenue, était déjà utilisé, on s'est rabattu sur « Audiovisuel extérieur français », franchement peu attractive.

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