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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 9 octobre 2008 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Avant l'article 1er, amendement 597

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Vous aurez remarqué, monsieur le président, que je n'interviens pas sur chaque amendement. J'en ai d'ailleurs moi-même déposé très peu, notamment avant l'article 1er. Il y a quatre ans et demi, lors de l'examen du projet de loi d'orientation sur l'énergie, mes amendements remplissaient une feuille jaune entière, recto et verso : j'avais tenté de faire une autre loi d'orientation sur l'énergie. Évidemment, aucun de ces amendements n'a été adopté, et cet aveuglement nous a conduits à l'impasse énergétique où nous sommes aujourd'hui.

Mais j'en viens à notre débat. Tout d'abord, je remercie M. Grouard d'avoir souligné que ce qui importe, c'est la vague elle-même, et non l'écume. Peu importe en effet le système : économie dirigiste, capitalisme d'État, soviétisme planifié ou libéralisme débridé. M. Dionis du Séjour, qui tient des propos fort intéressants, se dit partisan d'un capitalisme régulé, soit. Mais la régulation des marchés, notamment financiers, n'empêche en rien l'économie réelle d'être totalement productiviste ! La régulation consiste uniquement à fixer des règles du jeu pour qu'il n'y ait pas trop de tricheurs dans l'économie virtuelle. Tout cela est dérisoire ! Le véritable enjeu, lorsque l'on parle d'écologie ou d'écosphère, c'est de savoir ce que nous faisons de la matière et de l'énergie. Voilà la base de la vie ! Encore une fois, le fait que les marchés soient plus ou moins régulés ne changera rien à la situation actuelle.

Par ailleurs, on parle beaucoup de la mondialisation, mais nous allons vers une démondialisation. En effet, la relocalisation des activités économiques ne sera pas le fruit d'un volontarisme politique : elle est inéluctable. M. Guillaume Sarkozy, par exemple – le frère –, possédait, voilà encore trois ans, les Filatures de Picardie, qu'il a été obligé de fermer en raison de la concurrence chinoise. Eh bien, il pourra bientôt les rouvrir, car on implantera de nouveau des filatures en France, précisément parce que le commerce mondial va se contracter.

Les pays riches, ceux de l'OCDE, sont – tous les chiffres le montrent – les grands prédateurs mondiaux des ressources naturelles de la planète : pétrole, bois, et j'en passe. Peu importe que ce bois soit écocertifié, madame la secrétaire d'État, s'il est importé de Bali, comme l'a indiqué M. Martin ! Plutôt que de l'importer, il faut faire en sorte d'utiliser la forêt européenne. Mes amis écolos se disent partisans du commerce équitable mais, dans la mesure où les produits viennent de loin, ce commerce, même équitable, a un impact environnemental très important. À la limite, l'importation équitable de perches du Nil provenant de Tanzanie ne m'intéresse pas : le processus de prédation reste le même.

Encore une fois, l'équité ou la régulation sont de faux problèmes. Qu'on le veuille ou non, nous allons vers la déplétion : c'est un phénomène géologique. Le seul qui ait correctement analysé la situation, c'est Jean-Claude Milner, qui, dans un magnifique article paru hier dans Libération, nous explique que la crise actuelle est due à une déconnexion totale entre les matières premières et l'économie. Revenons aux matières premières, qui sont les premières de toutes les matières !

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