L'importance de la somme en jeu suscite de nombreuses questions, notamment sur les contreparties accordées, surtout quand on songe au contexte budgétaire préoccupant des musées en régions, marqué notamment par la pauvreté des moyens financiers, le sous-effectif, ainsi que la marginalisation des compétences, des qualifications et des recrutements.
De fait, les questions soulevées par notre groupe portent sur le sens et la finalité du projet de Louvre à Abou Dabi. En quoi contribue-t-il au rayonnement culturel de la France ? Au-delà de la simple aubaine financière qu'il représente, quel en est l'intérêt et quels en sont les risques ? Ses fondements sont-ils économiques et culturels ou sont-ils la contrepartie de projets industriels ?
Je l'ai rappelé au début de mon intervention, l'internationalisation des institutions culturelles françaises est souhaitable. Elle concourt au rayonnement culturel de notre pays dans le monde. Cependant, elle doit intervenir dans un cadre défini, qui assure un partenariat équilibré et exigeant, tant sur le plan scientifique qu'environnemental.
Or, à l'évidence, ce projet pèche précisément par manque d'équilibre et ne peut donc recevoir notre approbation. Pire, l'opacité dans laquelle cette opération a été menée, depuis sa genèse, jusqu'à son examen par le Parlement, a inévitablement créé le soupçon et suscité la crainte d'une marchandisation de nos collections nationales. Ce manque de transparence a nourri une polémique qui ne pouvait que porter préjudice à ce projet, fût-il bon.
Vous l'aurez compris, l'insuffisance des garanties apportées sur l'ensemble de ces questions et le manque de transparence qui a caractérisé l'élaboration du projet nous conduirons à nous abstenir sur ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)