Monsieur le président, madame la ministre de la culture et de la communication, monsieur le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie, mes chers collègues, avoir entendu autant d'avocats de la défense avant d'intervenir m'amènerait presque à regretter la modération de mon propos.
Autant le déclarer d'emblée : pour les élus du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, le projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui ne saurait donner lieu à un énième épisode de la querelle des Anciens et des Modernes. Non, il n'y a pas, d'un côté, les Anciens conservateurs, égoïstes, protectionnistes, repliés sur leurs trésors et, de l'autre, les Modernes, forcément généreux, ouverts sur les autres et prêts à faire profiter le monde entier de nos oeuvres éclairantes.
La question du Louvre d'Abou Dabi est certainement plus complexe. Elle mérite un débat lucide et approfondi, qui sache faire l'économie des caricatures et des affirmations simplistes, d'autant qu'il s'inscrit dans un contexte préoccupant d'où l'indispensable refondation de notre politique culturelle n'aura jamais été aussi absente. Jamais cette grand-messe qu'est la conférence budgétaire du ministre de la culture n'aura ressemblé, autant qu'il y a deux semaines, à une oraison funèbre.
Alors, de grâce, ne rejouons pas dans cet hémicycle une vieille querelle, car nous sommes bien évidemment favorables à la circulation des oeuvres. La coopération entre les grands musées internationaux est d'ailleurs une tradition relativement ancienne. Depuis de nombreuses années, nos musées – qu'il s'agisse des grands et moyens musées nationaux ou des musées en régions – sont largement engagés dans des collaborations internationales. Des expositions de premier plan mobilisant oeuvres, talents et compétences scientifiques d'institutions françaises ou étrangères sont présentées non seulement à Paris, Rouen, Villeneuve-d'Ascq, Strasbourg ou Lyon, mais aussi à Tokyo, Chicago, San Salvador, Rome ou Londres.