Nous l'avons observé durant tous les débats : la majorité présidentielle n'a cessé de se réfugier derrière un argument surprenant : la crise est subite et elle n'était pas prévisible. Qui peut sérieusement croire à une telle défense ? Comme l'a montré M. Brard, la majorité savait depuis des années, comme tout le monde dans cet hémicycle, que la bulle financière spéculative ravageait l'économie réelle, tout en apportant des gains faramineux à ceux qui avaient déjà tout. Les 500 familles les plus riches, qui possédaient il y a dix ans 6 % du PIB, en détiennent 14 % aujourd'hui. Pendant cette période, la précarité et la pauvreté ont battu tous les records. Voilà qui condamne le bilan du Gouvernement !
Des économistes avancent que les pertes, à l'échelle de la planète, s'élèveraient à plusieurs milliers de milliards de dollars. Le chiffre de 20 000 milliards a même été avancé. Si une intervention était nécessaire, force est de constater qu'elle ne nous protégera pas des dérives coupables, pas plus qu'elle ne moralisera les circuits financiers. Le capitalisme, tel que nos économies le subissent, sévira encore. Certes, l'intervention de l'État doit être assortie d'un pouvoir de contrôle. Mais si, pour la France, 360 milliards sont nécessaires, rappelons qu'il faut, à l'échelle européenne, 1 300 milliards d'euros, soit dix fois le budget de l'Union européenne.
Nous ne vous faisons pas confiance, madame et messieurs les ministres, car vous venez à nouveau de rejeter des propositions qui visent à redonner un vrai pouvoir de contrôle à notre Parlement et à apporter une réponse appropriée aux scandales qui s'accumulent, en raison de l'utilisation des parachutes dorés et des stock-options. Vous avez également repoussé notre amendement annulant le bouclier fiscal, lequel constitue une véritable agression contre la justice fiscale et contre le nécessaire effort de solidarité nationale.
Notre position est juste, et les Français ne vous font plus confiance. Nous pensons aux familles populaires et à tous ceux qui vivent difficilement. Ils sont notre priorité, quand la vôtre est simplement de remettre à flot les prédateurs, pour qu'ils recommencent.