Vous risquez d'être déçus, chers collègues de l'opposition…
Soyons clairs et lucides : cette crise est d'abord celle du politique, celle de son abdication dans les affaires financières mondiales. Depuis trente ans, on entend partout que les politiques n'y connaissent rien et qu'ils ne doivent pas se mêler d'économie et de finances, la seule économie valable étant celle du marché : telle est la thèse qui s'est imposée à tous, sur l'ensemble de la planète.
Cette formidable dérégulation, qui a emporté le système de Bretton Woods et son modèle de change adaptable, a créé un monde virtuel, en mouvement constant, un monde irréel dans lequel une cargaison de pétrole chargée à Dubaï change cinquante fois de propriétaire avant de parvenir à destination ; un monde dans lequel la masse monétaire mondiale change de main tous les vingt jours ; un monde devenu un Casino Bingo, ouvert 24 heures sur 24.
Pendant longtemps, ceux qui prédisaient une catastrophe, et notamment le seul prix Nobel d'économie français, Maurice Allais, un libéral, étaient jugés comme des esprits attardés qui ne comprenaient pas la modernité du monde de la finance, monde certes imaginatif mais vivant en apesanteur et coupé des réalités.