Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous assistons à une inflexion de la politique étrangère française, que le Président lui-même revendique. Je n'aime pas l'anti-américanisme, parce qu'il est infantile, simplificateur et injuste. Le peuple américain est un grand peuple, un peuple ami. Mais nous pouvons cultiver notre amitié avec les Américains sans pour autant aligner notre politique sur celle du président Bush. Il suffit de regarder le globe pour savoir que nous ne sommes pas dans la même situation : l'Amérique est la première puissance du monde et sa logique est d'aller au bout de sa puissance ; nous ne vivons pas au même endroit de la planète ; nous avons deux histoires différentes ; l'Amérique est une île entre deux gigantesques océans alors que nous, nous sommes à un carrefour de civilisations, entourés de voisins avec qui nous devons vivre, vivre en paix et dans l'interdépendance. Or certains signes, monsieur le ministre, donnent un sentiment d'alignement. Les États-Unis ne manquent pas de pays alignés ; il serait inutile d'y ajouter le nôtre.