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Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 8 novembre 2007 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2008 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Sans contester le rôle très légitime du chef de l'État de concepteur de notre diplomatie, et ce d'autant moins que je considère comme très claires et très positives les orientations nouvelles qu'il a données à cette diplomatie, je constate que l'administration centrale et le réseau diplomatique des affaires étrangères ne jouent aucun rôle significatif.

Il existe bien sûr un précédent illustre de cette manière de faire d'un président très actif dans la politique extérieure et très méprisant vis-à-vis de son ministère des affaires étrangères. On se souvient en effet de ce que John Fitzgerald Kennedy disait de son département d'État et de la manière qu'il avait de le court-circuiter. Cette analogie n'est peut-être pas le fait du hasard ; espérons simplement qu'elle ne nous conduira pas à quelque mésaventure comme celle de la Baie des Cochons.

Quant à la défense de nos intérêts nationaux, je sais bien que ce n'est pas l'essentiel et que nous avons avant tout à promouvoir notre rayonnement, notre rôle, notre rang, mais comme je suis un être vulgaire et peu sensible aux grandeurs et aux splendeurs, je voudrais dire un mot sur le commerce extérieur, lequel s'effondre. Vous me répondrez sans doute, monsieur le ministre, que vous n'êtes pas en charge du commerce extérieur. Mais il est délicat de s'en désintéresser quand on est en charge, même théoriquement, de notre diplomatie.

J'ai lu avec attention le fascicule de votre département. Or, il n'y a pas un mot du commerce extérieur, sauf page 32, à propos de la défense des intérêts français dans le cadre de l'union européenne et de l'OMC.

Mais je suis injuste, notre diplomatie vient de réussir un exploit qui mérite d'être salué : après deux ou trois magnifiques gaffes diplomatiques, une longue indécision sur un accord de financement, et une totale ignorance de l'activité très politique des États-Unis sur ce dossier, nous avons réussi à dissuader le Maroc d'acheter des avions Rafale. Il fallait le faire ! Nous y perdons quelques milliards d'euros mais surtout la dernière petite chance de donner un semblant d'espoir à la carrière internationale du meilleur avion de chasse au monde. Chapeau bas, quel coup de maître !

Alors que reste-t-il à votre ministère en dehors de l'intendance et de la francophonie sur lesquelles il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire ? Sommes-nous capables d'assumer nos obligations financières vis-à-vis des organisations internationales ? Non parce qu'il manque cent millions d'euros dans cette loi de finances, que l'on rajoutera en loi de finances rectificative, ce qui est une atteinte évidente à la sincérité budgétaire, comme l'a fort justement fait remarquer le président de la commission des affaires étrangères, Axel Poniatowski.

Je note d'ailleurs au passage que si nous ne trouvons pas le moyen de prévoir de quoi respecter nos obligations, nous n'hésitons pas à financer, à titre de bénévolence, les intérêts d'un emprunt de 80 millions d'euros sur vingt ans au profit de l'UNESCO et dont il n'est pas dit un mot dans ce document tandis que l'on ne répond pas à une question écrite précise sur ce sujet.

Avons-nous au moins depuis six mois une action significative sur le plan humanitaire, en dehors de la grotesque affaire des « zozos » de Zoé ? Par exemple, où en sont la piste d'atterrissage et le pont aérien et les corridors humanitaires qui devaient aider, dans l'extrême urgence, les malheureuses victimes du Darfour et dont vous nous parliez il y a quelques mois ?

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