Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'action extérieure de l'État français, c'est d'abord et avant tout, la capacité de notre pays à exister en dehors de ses frontières physiques, laquelle résulte d'un choix politique, d'un choix culturel de faire vivre notre vision du monde, les principes et les intérêts que nous entendons défendre.
Le budget de la mission « Action extérieure de l'État » s'élèvera pour l'année 2008 à 2,28 milliards d'euros, somme comparable à celle adoptée en 2007.
Cette mission sera donc mise en oeuvre par le ministère des affaires étrangères et européennes. Or, il faut bien le souligner, l'action extérieure de l'État ne se résume pas au seul périmètre du ministère des affaires étrangères et européennes. Les collectivités locales, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, par le biais des actions qu'il mène à des fins de développement international de notre économie, sans compter les opérations développées par le ministère de la défense en matière de sécurité, y participent aussi.
Monsieur le ministre, votre ministère s'est engagé dans une grande réforme de la politique de l'action extérieure de la France. Et comme l'a souligné le rapporteur dans ses conclusions, l'esprit de cette réforme est le suivant : « L'heure n'est pas à un exercice d'autojustification de l'action extérieure telle qu'elle est conduite, mais à une redéfinition de cette politique dans sa conception même ». Comment ne pas partager une telle démarche ? Mais, pour répondre à cette exigence de redéfinition, il est nécessaire de sortir des schémas classiques afin de permettre une évaluation globale, et non pas seulement budgétaire, des actions qui sont menées.
Cela dit, je voudrais, monsieur le ministre, me pencher plus précisément sur la partie « Rayonnement scientifique et culturel» de votre budget : bref, sur l'avenir de la francophonie.
Vous avez émis le souhait qu'une priorité soit accordée à la présence de la France à l'étranger. Pourtant, l'examen de ce budget pour 2 008 révèle un certain décalage entre cette volonté affichée et la réalité des crédits. Le programme « Rayonnement culturel et scientifique » sera en effet doté de 490 millions d'euros, contre 526 millions pour 2007, soit une baisse significative.
Or si notre réseau peut être fier de ses soixante-treize établissements d'enseignement du français, la francophonie, vous le savez, recule dans le monde. La situation est préoccupante. L'usage du français régresse, les crédits consacrés à la coopération linguistique aussi. En dix ans, le nombre d'Européens apprenant le français a reculé de près de 15 %. Et la concurrence est rude ; il suffit d'ailleurs de constater avec quelle rapidité le British Council ou le Goethe Institut ont constitué un réseau d'enseignement de renommée internationale. Ne pensez-vous pas que nous devrions mener une politique ambitieuse en la matière auprès de nos partenaires européens, notamment allemands, avec lesquels nous avons à défendre des intérêts communs et des savoir-faire complémentaires ?
La LOLF représente un précieux outil permettant d'évaluer plus précisément l'efficacité budgétaire des politiques menées. Mais des efforts doivent être fournis, notamment pour améliorer le choix des indicateurs utilisés, ce qui suppose de poser la question de l'avenir de notre diplomatie, celle de la forme et du sens que nous souhaitons donner à l'action extérieure de l'État. Et, là aussi, la question du périmètre étatique doit être posée. Il faut sortir des carcans régaliens et dépoussiérer notre action diplomatique, repenser nos actions en faveur de notre rayonnement culturel et linguistique. L'État devra de plus en plus s'appuyer sur des partenaires privés pour oeuvrer à l'attractivité de la France dans le monde. C'est pourquoi il faut encourager le mécénat, développer les partenariats public-privé et ouvrir de nouveaux horizons à la coopération culturelle et scientifique à l'instar, par exemple, du projet du Louvre d'Abou Dhabi.