Deuxièmement, quand le Président de la République s'est adressé aux étudiants de Constantine en disant « nous », nous pensions benoîtement qu'il se référait aux Français. Pas du tout : il voulait dire « nous, les chrétiens » ! Et les autres ? Les juifs français, les musulmans français, les athées et les agnostiques sont-ils encore représentés par le président de tous les Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
Troisièmement, le Président de la République affirme qu'« un homme qui croit est un homme qui espère », comme si l'espérance était réservée aux croyants. Et Guy Môquet, mes chers collègues ? Était-il bien nécessaire d'honorer la mémoire du jeune résistant communiste, qui a transcendé la peur de mourir pour une belle espérance nommée liberté, pour l'humilier aussitôt de la sorte ? (Vives protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) A-t-on le droit d'espérer en France, sans être croyant ? A-t-on le droit à une spiritualité sans Dieu, comme Spinoza, comme Camus, comme Sartre et bien d'autres ?
Le Président de la République dit enfin que, dans la transmission des valeurs et l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé…