Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire, et porte sur le projet de fermeture de la station maritime de Saint-Pierre de La Réunion à compter du 1er juillet 2009.
Monsieur le ministre d'État, la fermeture, subrepticement annoncée par l'administrateur régional mais pourtant bien programmée, de la station maritime de Saint-Pierre fait peser une très lourde menace sur l'activité de pêche maritime du sud de La Réunion. Comme vous le savez, cette station a en charge cent navires sur les 254 navires armés en petite pêche côtière de La Réunion, soit 39 % de la flotte totale, 140 marins sur les 350 que compte l'île, 56 % des marins retraités, sans oublier les veuves. Par ailleurs, le seul fonctionnaire en poste dans la station du sud effectue aujourd'hui près de soixante visites de sécurité par an.
Cette fermeture rendrait beaucoup plus compliquée l'exercice d'un métier déjà difficile, qu'il convient pourtant de soutenir pour que la pêche en mer ne disparaisse pas à La Réunion.
Les marins du sud de La Réunion sont en colère ; ils l'ont fait savoir cette semaine. La suppression annoncée de cette station et le transfert de ses activités au Port, dans le nord-ouest, causeraient de multiples désagréments aux marins et à leurs familles, qui ne pourraient plus compter sur ce service de proximité.
Le prétexte de cette décision est l'arrivée imminente de la route des Tamarins, que le ministre d'État connaît bien, et qui reliera l'ouest au sud. L'ouverture très prochaine de cet axe à double sens ne saurait compenser les inconvénients de la fermeture de la station. Cette route, malgré le relatif désenclavement qu'elle offrira au sud de La Réunion, ne permettra pas de compenser la perte de temps que la suppression de cette antenne occasionnerait.
La route des Tamarins s'arrêtant au nord de Saint-Pierre, la capitale du sud, le trajet jusqu'au Port, dans le nord-ouest, pourra prendre plus de deux heures en fonction des horaires de circulation, c'est-à-dire que le trajet durera près de quatre heures. En conséquence, à chaque visite, les marins devront renoncer à une journée de mer pour se rendre au Port, ce qui n'est pas acceptable, compte tenu de la situation économique de nombreux professionnels du secteur.
De surcroît, de nombreux marins et surtout de veuves ne sont pas motorisés, et la situation des transports en commun à La Réunion ne rend pas aisée un déplacement jusqu'au Port. En outre, considérant le contexte de crise du pouvoir d'achat, il convient de ne pas ignorer les coûts occasionnés par ces déplacements pour des personnes ne disposant que de ressources modestes et faisant souvent face à des difficultés sociales.
La route des Tamarins, qui est un formidable outil, doit servir à désenclaver le sud et l'est vis-à-vis du nord, et non être un prétexte pour accentuer les déséquilibres au détriment du sud et de l'est de La Réunion. Une telle décision ne peut s'apparenter qu'à un acte de déménagement du territoire !
Le maintien des services publics est essentiel. Si la RGPP et la maîtrise des coûts liés au service public peuvent être des objectifs défendables, elles ne doivent pas conduire à l'abandon par l'État des pans entiers du territoire.
Le Gouvernement doit reprendre la main. Proposez-nous la solution que le bon sens impose. Il est plus responsable, plus professionnel et surtout plus respectueux de l'environnement de faire déplacer, même quotidiennement, un fonctionnaire du nord-ouest vers le sud que d'imposer le même déplacement en sens inverse à 250 professionnels deux à trois fois par an.