J'évoquerai ici les chiffres disponibles pour l'académie de Toulouse et l'enseignement de l'occitan en 2007 : 1 780 élèves suivent leur scolarité en section bilingue, 600 en immersion dans les calandretas ; plus de 40 000 élèves suivent un enseignement extensif de la langue, c'est-à-dire une sensibilisation avec, en moyenne, une vingtaine de séances par an. Une thèse soutenue par une étudiante de troisième cycle, fin 2007, à l'Université de Toulouse II-Le Mirail, souligne le développement des compétences métalinguistiques par les élèves suivant cet enseignement, lesquelles permettent des résultats supérieurs aux évaluations régionales et nationales en français, en mathématiques et en langues étrangères. On pourrait objecter que ce sont les catégories socioprofessionnelles dites supérieures qui suivent cet enseignement. Eh bien, non ! les CSP sont identiques à celles des enfants suivant un enseignement monolingue.
Je me permettrai de faire une citation à portée générale qui date de 1995 : « Le souci de veiller à la préservation du patrimoine national dans l'expression de sa diversité, ainsi que la nécessité de maintenir l'identité culturelle à l'intérieur de la communauté nationale m'amènent à réaffirmer l'engagement de l'État en faveur de cet enseignement. » Savez-vous qui est l'auteur de ces propos ? Xavier Darcos, alors directeur du cabinet du ministre de l'éducation nationale. Cette citation est tirée d'une circulaire qui a permis des progrès notables de cet enseignement dans nos régions. Mais nous savons aussi le peu d'empressement, voire le refus tacite ou explicite, de certains recteurs d'académie à l'appliquer.
Outre l'enseignement, les aspects culturels ne doivent pas être négligés. Pourquoi la signalétique de nos villes et de nos villages ne serait-elle pas bilingue ? Pourquoi occulterions-nous dans nos manuels d'histoire ce que nous fûmes ? Eh bien, oui ! les troubadours s'exprimaient en occitan ! Pourquoi ne pas être fiers de l'apport de ces cultures à la France ? Pourquoi la modeste part accordée aux langues régionales sur les ondes de l'audiovisuel public doit-elle toujours être l'objet d'âpres négociations ?
Aujourd'hui, la nation française n'a plus à craindre de ses langues régionales. Leur place doit être clairement affirmée par la représentation nationale, et ce par une loi pour prolonger ce débat et inscrire dans le marbre leur reconnaissance.
Comme vient de le souligner un orateur, ce moment est historique. Il nous faut une loi, sauf à ce que la France, qui perd chaque jour un peu de sa substance en laissant s'affaiblir nos langues et nos cultures régionales, s'affaiblisse elle-même.
Ensemble, légiférons, musclons nos cultures régionales diverses, et notre culture française, dans sa diversité, sera, elle, plus forte ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)