Monsieur le ministre, je voudrais revenir sur un point que vous avez évoqué dans votre intervention et qui est au coeur de débat dans la campagne présidentielle : la question si difficile de l'équilibre à trouver face à la crise entre la discipline budgétaire et le soutien à l'économie.
Pour sortir de la crise, il est impératif que les pays européens remettent de l'ordre dans leurs finances, mais pour faire face à la menace d'une récession, il faut trouver les moyens de soutenir la croissance. Et ce n'est pas parce que les derniers chiffres sur la conjoncture sont encourageants pour la France – une croissance de 1,7 % en 2011, ce qui est un bon résultat – que la récession ne menace pas l'Europe.
Selon les prévisions publiées la semaine dernière par la Commission, la zone euro se dirige vers sa deuxième récession en trois ans, et l'Union européenne des vingt-sept devrait connaître une quasi-stagnation en 2012.
Si l'on peut se réjouir que, dans ces conditions, la France et l'Allemagne continuent à tirer leur épingle du jeu, il faut s'inquiéter de voir se dessiner une Europe à deux vitesses, où l'Espagne et l'Italie notamment décrocheraient par rapport au couple franco-allemand.
Il est vital d'éteindre la crise de la dette, mais il est également indispensable de soutenir la croissance, toute la question étant de savoir de quels moyens nous pouvons disposer. Les moyens budgétaires sont limités puisque, si la dépense peut être réorientée, elle ne peut pas globalement augmenter. Rappelons qu'en France la dépense publique dépasse de dix points de PIB celle de l'Allemagne.
L'approfondissement du marché unique avec ses 21 millions d'entreprises et ses 500 millions de consommateurs est une piste qu'explore la Commission, encouragée par dix États membres dont la Grande-Bretagne et L'Italie. Mais il est clair que toute libéralisation du marché suscite toujours de très vives réticences.
La réforme des marchés publics visant à exclure les pays qui n'appliquent pas les mêmes règles concurrentielles que l'Europe afin d'instaurer une vraie réciprocité serait à la fois logique et équitable, mais elle n'est facile ni à négocier ni à appliquer.
La monétisation de la dette apporterait à l'économie de l'argent frais, mais le statut de la Banque centrale européenne s'y oppose et l'Allemagne s'y refuse.
Alors, monsieur le ministre, comment faire, quels moyens mobiliser au service d'une croissance européenne ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)