Madame la députée, l'événement effectivement inouï que représente l'attribution de cinq Oscars, dont celui du meilleur film, à The Artist, premier film français à recevoir un tel honneur dans cette catégorie, est dû au talent de son réalisateur, Michel Hazanavicius, de ses interprètes, dont Jean Dujardin, de son équipe et de son producteur, le jeune Thomas Langmann, digne fils de son père, le regretté Claude Berri.
Muet, en noir et blanc, se déroulant dans l'Hollywood des années folles, avec un budget prévu de 12 millions d'euros, The Artist n'avait, a priori, aucune chance d'exister. Personne n'en voulait, personne ne voulait parier dessus. Ce sont les mécanismes français de la production, qui permettent d'associer la loi d'aide gérée par le Centre national de la Cinématographie, les pré-achats des chaînes de télévision, en l'occurrence France 3 et Canal Plus, et les financements privés qui ont permis à Thomas Langmann de monter la production du film avec un allant plus fort que les doutes entourant un tel projet. À cet égard, l'extraordinaire aventure triomphale de The Artist est en soi-même une légende du cinéma.
Le couronnement hollywoodien de The Artist s'inscrit dans un contexte particulièrement brillant pour le cinéma français : 215 millions de spectateurs en 2011 dont 41 % pour les films français, contre 12 % pour les films espagnols en Espagne ; 272 films produits, assurant une diversité sans précédent ; 3 600 écrans sur 5 400 déjà équipés en numérique. Cela demande une grande vigilance. C'est tout le problème des laboratoires et des industries techniques passant de la pellicule au numérique ayant entraîné la faillite de LPC, avec les drames qui l'accompagnent.