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Intervention de Sandrine Mazetier

Réunion du 12 décembre 2007 à 21h45
Sécurité des manèges — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mazetier :

…mais n'est jamais envisagée pour traiter un problème en profondeur, une difficulté rencontrée par une catégorie de nos concitoyens ou par un secteur d'activité.

Malgré toutes ses qualités, cette proposition de loi en est un témoignage supplémentaire. La commission des affaires économiques est saisie sur le fond, mais ne dit rien des mutations économiques du secteur des loisirs, auxquels sont confrontés les forains. Le texte ne dit rien de la relégation progressive des fêtes foraines à la marge des villes. Le texte ne dit rien de l'inquiétude de cette profession, et de son expression parfois – voire souvent – violente, comme ce fut le cas lors de la manifestation non autorisée du 11 mai 2006 : les forces de l'ordre essuyèrent des jets de pierre et de parpaings, des riverains furent agressés, et une camionnette fut brûlée. Ce texte ne dit rien sur les conditions sereines dans lesquelles cette activité économique – qui fait vivre 20 000 familles en France – devrait se dérouler.

Ce texte répond à l'émotion immense suscitée par la mort de cet enfant et de son père à la Fête des Loges le 4 août dernier, et par la terreur des personnes restées suspendues à des dizaines de mètres du sol, pendant sept heures d'affilée, parce qu'aucune échelle de pompier, aucune grue, ne pouvait les atteindre.

Le Président de la République a décidément l'émotion sélective et la mémoire courte. Mes chers collègues, je voudrais vous parler d'une autre mort, de celle d'un autre jeune père de famille, survenue quelques semaines plus tôt : Reynald Caron, trente et un ans, père d'une petite fille de neuf mois, gardien de la paix, nommé lieutenant de police à titre posthume, mort en service à la Foire du Trône, le 9 avril dernier. Reynald Caron a été victime d'une bousculade provoquée par des resquilleurs qui voulaient monter, sans payer, dans un manège à sensation qui propulse ses passagers à 60 mètres de haut, et dont les nacelles vont à 120 kilomètres-heure. Il s'agit de l'un de ces manèges dont le texte tente de parler, sans évoquer le public, les publics, je dirais même la faune qu'ils attirent et que les forains, les services de sécurité et les forces de police doivent gérer. (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Parlons de tout ce qui se passe, en matière de sécurité ! Vous voulez parler de la sécurité des manèges et des fêtes foraines, on est d'accord. Mais, alors, parlons de tout !

Ce lundi 9 avril, jour férié, pour surveiller les 9 hectares de la Foire du Trône avec ses 350 attractions, ses milliers de visiteurs et ses centaines de forains, il n'y avait que cinquante ou soixante fonctionnaires de police. C'est-à-dire moins qu'à quelques encablures, rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement, pour surveiller le siège de campagne de Nicolas Sarkozy. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Désolée de le rappeler, chers collègues, mais toutes les organisations syndicales représentatives des fonctionnaires de police ont souligné la faiblesse des effectifs de police à la Foire du Trône.

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