Pour ce qui est de cette proposition de loi, si j'adoptais un langage familier, je dirais qu'elle ne mange pas de pain. On ne peut, en effet, que souscrire au principe selon lequel le chasseur est un défenseur de la nature et un acteur de la gestion équilibrée des écosystèmes, pour autant que les comportements soient à la hauteur de l'engagement pris. Mais tel est souvent le cas, et la vérité doit obliger ses adversaires à reconnaître que, si le chasseur n'était pas là, en particulier dans les zones humides, les forêts et les régions en déprise agricole, une partie de la faune sensible aurait régressé, voire disparu, et que, là où il n'y a pas de prédateurs, ces espaces auraient été dégradés ou envahis par d'autres espèces.
J'exprimerai cependant un regret, qui concerne l'article 12 de la proposition de loi. En effet, on constate, en tout cas dans le nord de la Gironde, un repli sur soi des différentes sociétés de chasse. Je connais bien le problème pour avoir créé, en 1978, l'association de chasse agréée de mon village. Dans cette dynamique, nous avions mis en place une association intercommunale qui préservait la mutualisation des territoires de chasse. Or, aujourd'hui, la plupart des ACCA retirent la réciprocité à leurs voisines en ce qui concerne non seulement le gibier sédentaire, mais aussi le gibier migrateur. Ainsi, le chasseur de bécasses que je suis n'aura bientôt plus que deux solutions : soit tourner en rond dans le bois de sa commune, soit acheter toutes les cartes des communes du canton. L'article 12, qui mettait en commun le territoire de chasse à l'intérieur des ACCA et des AICA pour la réalisation du plan de chasse, a été supprimé. C'est un recul, une occasion manquée et, au bout du compte, une concession à l'esprit libéral du chacun pour soi appliqué aux pratiques cynégétiques.
Toutefois, parce que la proposition de loi comporte des avancées réelles au bénéfice de la pratique de la chasse, le groupe SRC votera ce texte.