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Intervention de Pierre Rigoulot

Réunion du 25 janvier 2012 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Pierre Rigoulot :

S'agissant du nucléaire, il faut souligne le rôle du Pakistan. Des échanges technologiques ont eu lieu entre la Corée du Nord et le Pakistan d'une part, entre la Corée du Nord et l'Iran d'autre part. En matière balistique, les Nord-Coréens sont assez avancés et certains missiles iraniens, comme les Shahab, sont bourrés de technologie nord-coréenne. Cela dit, l'outil nucléaire nord-coréen n'est pas encore une arme miniaturisée que l'on peut placer sur une ogive.

Il y a en effet 20 à 25 000 réfugiés en Corée du Sud. Ce nombre croît régulièrement, mais pas de façon exponentielle. La plupart des migrants passent par la Chine et s'y arrêtent. Ils y travaillent comme des immigrés sans papiers, à la merci de leurs employeurs et de la police. Plus grave, il existe un trafic de femmes nord-coréennes, que l'on vend à des paysans chinois.

Certains migrants retournent chez eux avec un peu d'argent ou de la nourriture. Les garde-frontières étant corrompus, les possibilités de passage ne sont pas négligeables.

Ceux qui vont jusqu'en Corée du Sud utilisent divers moyens, en particulier des réseaux mis en place par des pasteurs protestants sud-coréens installés en Chine près de la frontière de la Corée du Nord. Après avoir parcouru des milliers de kilomètres, ces personnes se retrouvent en Birmanie, en Thaïlande, voire au Vietnam. J'ai ainsi assisté à l'entrée de ressortissants nord-coréens déguisés en touristes sud-coréens dans l'ambassade de Corée du Sud à Vientiane. Dans la mesure où le régime de Séoul reconnaît la citoyenneté à l'ensemble des ressortissants de la péninsule, ils ont ensuite gagné aisément la Corée du Sud.

Alors que, il y a quelques années, ces transfuges étaient fêtés, choyés et utilisés pour la propagande contre le Nord, ils sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux et les choses se font plus discrètement. Leurs difficultés sont réelles, ils éprouvent la nostalgie du pays natal, mais ils arrivent parfois à s'adapter de façon remarquable. C'est le cas de Kang Chol-hwan, avec qui j'ai écrit Les Aquariums de Pyongyang : il est aujourd'hui journaliste au Chosun Ilbo, conduit une automobile, écoute de la musique pop sud-coréenne, etc. Je dois dire toutefois que le regard que la population sud-coréenne porte sur ces « ploucs » à l'accent différent n'est pas toujours tendre !

Beaucoup de réfugiés se sont regroupés dans des associations qui oeuvrent pour transférer des informations vers le Nord. S'il est assurément utile que nous sachions se qui se passe en Corée du Nord, ils insistent pour leur part sur la nécessité de faire circuler de l'information vers ce pays. Cela se fait au moyen de stations radio installées tout autour, mais aussi par l'envoi plus classique de ballons véhiculant des pamphlets – parfois assez grossiers – contre le régime, voire, comme on l'a vu dernièrement, des chaussettes bien chaudes, ce qui me semble plus intelligent !

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