Monsieur le député, ne vous laissez pas emporter par les mots qui s'additionnent en tentant de faire des phrases pour masquer en réalité toujours la même impasse, celle de votre non-choix et de votre abstention. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
En vous écoutant, j'imaginais Pierre Mendès France qui évoquait, dans cet honorable hémicycle, sa conception de la gouvernance : « Gouverner, c'est choisir », disait-il. En vous écoutant un peu plus, je me remémorais également cette formule de Gide : « Choisir, c'est renoncer ». Finalement, en vous écoutant complètement, je comprenais que, malhabilement, vous aviez fondu les deux idées et que vous étiez arrivé à la conclusion que gouverner, c'est renoncer.
Par votre vote, c'est-à-dire par votre absence de choix (M. Emmanuelli brandit à son tour le résultat du vote du 23 juin 1992), par votre renoncement sur cette question essentielle du mécanisme européen de stabilité, vous faites la démonstration, comme l'a fort opportunément rappelé le Premier ministre, non pas simplement que vous faites un petit calcul électoral de petite boutique à quelques semaines d'une respiration démocratique, mais que vous n'avez pas mesuré ni compris les enjeux. Aucun responsable socialiste en Europe n'a votre comportement, aucun responsable socialiste en Europe n'accepte de descendre de la ligne de crête pour faire des voix dans les meetings électoraux en déclarant qu'il faut augmenter les dépenses et les postes de fonctionnaires. Il n'y en a plus un en Europe : vous êtes les seuls !
Surtout, le traité veut faire de la croissance un pilier. M. Ayrault parle du message subliminal que votre groupe veut adresser au moyen de son abstention, à savoir faire bouger les lignes en la matière. Or c'est justement la discipline, la consolidation budgétaire, la solidarité européenne et ce que nous avons fait la nuit dernière pour sauver la Grèce, donc l'euro et l'unité de notre zone monétaire, qui seront constitutifs des éléments de croissance. Mais de cela, vous ne voulez pas en entendre parler. Vous le mettez de côté en faisant en sorte de l'oublier. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)