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Intervention de Claudie Haigneré

Réunion du 15 février 2012 à 17h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Claudie Haigneré, présidente d'Universcience, astronaute et ancienne ministre :

Les préjugés concernant le fort engagement professionnel qu'imposent les métiers scientifiques sont aussi un frein considérable. Une jeune fille dont l'entourage véhicule ces stéréotypes et la conforte dans le fait que ces métiers ne sont pas faits pour elle aura bien du mal à s'investir.

Je vous invite à lire le numéro spécial de la revue Sciences et Avenir qui fait le point sur le « neurosexisme ». Selon de récentes études, 27 % des Français pensent que garçons et filles ont un cerveau différent – ce qui justifie le fait qu'ils ne s'engagent pas dans les mêmes filières – et 65 % pensent qu'il existe des différences biologiques entre les sexes qui déterminent le rôle différent des hommes et des femmes dans la société. Cette assertion est totalement démentie par un certain nombre d'études récentes.

Les préjugés persistent aussi s'agissant des qualités biologiques présupposées : les hommes seraient forts, courageux et résistants ; les femmes douces, sociales, altruistes et rigoureuses. Ces préjugés se retrouvent dans les métiers qui sont proposés aux jeunes femmes et expliquent le déficit dans les métiers scientifiques et techniques, surtout dans les secteurs automobile, énergétique, ferroviaire, aéronautique et du bâtiment.

Pour mettre à mal ces stéréotypes, Universcience organise des expositions visant à présenter les métiers scientifiques et techniques. Le comité directeur est composé à nombre égal de femmes et d'hommes ; la présidente est une femme ; j'exerce cette fonction et je suis assistée d'une directrice générale adjointe ; malgré tout cela, nous soumettons nos expositions à une lecture de genre, afin de vérifier si nous ne véhiculons pas dans nos expositions, même de façon involontaire, des stéréotypes sur les sexes. Nous vous ferons parvenir le résultat de cette étude, qui révélera peut-être que nous transmettons des stéréotypes de façon inconsciente.

Je reviens sur l'autocensure à laquelle se soumettent les jeunes filles et qui les prive de l'audace de s'engager. L'enquête PISA, dont le but est de comparer la qualité de l'éducation dans différents pays du monde, comporte une épreuve visant à évaluer le sentiment d'efficacité personnelle dans le domaine scientifique. Elle démontre que les jeunes filles ont un sentiment d'efficacité moindre, et c'est particulièrement vrai en France.

Cette autocensure s'applique aussi à la notation. Ma fille, âgée de 14 ans, obtient très souvent 19 sur 20 en mathématiques, pourtant elle n'a pas confiance en elle, tandis qu'un garçon considère que 12 sur 20 est une bonne note.

Nous devons accompagner les jeunes filles à différents stades de leur parcours : lorsqu'elles choisissent leur orientation et lorsqu'elles intègrent une entreprise. Quelques entreprises du CAC 40 sélectionnent des jeunes filles à fort potentiel et les aident, grâce à des techniques comme le mentoring ou le networking, à quitter un plancher « collant » – et peut-être à traverser le plafond de verre…

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