M. Thierry Mariani vient de vous parler très précisément des enjeux de la modernisation du RER, menée de manière accélérée sous l'impulsion du Président de la République et qui donne, dès cette année, de premiers résultats concrets : la livraison des nouvelles rames à double étage sur le RER A, mises en service en 2011, et des rames rénovées sur le RER B.
Ces premiers résultats illustrent parfaitement la volonté du Gouvernement de mener conjointement avec les collectivités locales, d'une part, la modernisation du réseau existant afin de traiter les questions urgentes – notamment les situations du RER et du Transilien, ainsi que la « désaturation » de la ligne 13 – et, d'autre part, la construction d'un nouveau réseau structurant pour préparer l'avenir : le Grand Paris Express, la prolongation de la ligne 14 jusqu'à Saint-Ouen et celle du RER Éole à l'Ouest.
Tous ces projets s'inscrivent dans l'esprit de responsabilité partagée tel qu'il ressort de l'accord conclu entre l'État et la région d'Île-de-France le 26 janvier 2011. À ce titre, a été décidé et financé, sans la moindre ambiguïté, un effort d'investissement historique en faveur des transports grâce à une contribution de l'État sans précédent : près de 10 milliards d'euros de contribution de 2010 à 2025. À cela s'ajoutent, pour la même période, plus de 9 milliards de recettes fiscales nouvelles prévues par la loi de finances rectificative et destinées à la modernisation du réseau – RER en particulier –, au nouveau métro en rocade, et à assurer une exploitation de qualité des lignes de tramway, de métro, de trains et de bus. Il est fondamental d'accélérer la modernisation de l'existant, pour ce qui concerne aussi bien les lignes RER C et D que la « désaturation » de la ligne 13 dès 2012, car cela permet de bien préparer l'avenir. Gardons à l'esprit que les usagers et les Franciliens n'en peuvent mais : ils galèrent dans les transports depuis des années, et ils l'ont d'ailleurs fait savoir dans le débat public voulu par la représentation nationale – et il faut la saluer pour cela – et imposé par elle au gouvernement de l'époque. Nous projetons aussi d'accélérer la réalisation des tangentielles et des tramways de banlieue à banlieue. Tous ces projets s'intégrent dans la convention particulière que le préfet de région, M. Daniel Canepa, a signée avec la région le 27 septembre 2011, sous 1' égide de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet et de M. Thierry Mariani.
Une reprise par le Grand Paris Express de 90% du réseau de transport du Grand Paris, sous la maîtrise d'ouvrage de la SGP, permettra d'atteindre les objectifs fixés par le Président de la République le 29 avril 2009 : la desserte et le développement de Saclay ; la connexion des grands pôles économiques et urbains du Grand Paris, entre eux et avec le centre de l'agglomération ; la connexion avec les aéroports et les gares TGV, qui sont les « entrées » dans le Grand Paris pour l'Europe et pour le monde. Nous avons signé, il y a quelques jours, avec l'ensemble des acteurs locaux, le contrat de développement territorial du Grand Roissy.
Nous voulons aussi assurer un meilleur maillage du territoire grâce, d'une part, à l'intégration dans le projet de rocade d'une deuxième boucle à l'Est, sous maîtrise d'ouvrage du STIF, et, d'autre part, à l'intégration de gares supplémentaires sur son tracé, soit au final 57 gares pour le réseau de la SGP et 72 avec l'arc structurant complémentaire du STIF. Il s'agit de ce que nous appelons, dans notre jargon, la « ligne orange ».
Par ce maillage, et pour le RER A par exemple, c'est une « désaturation » de 15% supplémentaires qui est attendue du bouclage du Grand Paris Express. Elle s'ajoute à celle attendue de la réalisation du prolongement d'Éole à l'Ouest en 2020, elle-même de l'ordre de 12%. Pour les autres lignes, une « désaturation » de l'ordre de 15 à 20% est attendue.
Au-delà, la question du RER A – une des radiales structurantes de l'agglomération parisienne – nous amène naturellement à poser celle de l'articulation du réseau de transports avec le projet et le modèle de développement métropolitain que nous voulons mettre en oeuvre dans les décennies qui viennent.
Il s'agit tout autant de créer les conditions d'une « désaturation » de la zone centrale d'un réseau de transports trop longtemps en mal d'investissements, que de structurer la ville de demain, à la fois intense et équilibrée, et de faire ainsi face, comme l'a évoqué M. Pierre Morange, aux difficultés de développement et d'aménagement que l'aire urbaine parisienne rencontre aujourd'hui. Car nous ne nous plaçons pas seulement dans une logique de transports : il s'agit aussi d'un projet global d'aménagement du territoire francilien.
En effet, si l'on regarde la ville qui s'est développée le long du RER A, on constate qu'elle est emblématique du mouvement d'agglomération des décennies passées, marqué, d'une part, par un fort clivage socio-économique entre l'Est et l'Ouest et, d'autre part, par un clivage encore plus accentué entre la zone dense, où tous les réseaux convergent, et les banlieues, mal reliées entre elles et parfois même totalement enclavées.
Le Grand Paris ambitionne de dépasser ces clivages. En effet, ce projet voulu par le Président de la République dès le début de son mandat, nous invite à aller au-delà de l'organisation très « radio-centrique » de la région capitale – une expression souvent employée, à juste raison, par M. Patrick Braouezec, député de Seine Saint-Denis et président de Paris Métropole, comme par d'autres élus – pour passer à une logique multipolaire et équilibrée.
Pour ce qui concerne les transports, M. Etienne Guyot, président de la SGP, et le préfet Daniel Canépa, vous ont précisément instruits de leurs aspects techniques. Mais je tiens à revenir sur la finalité du nouveau réseau de transport du Grand Paris, motivée par la vision multipolaire dont je viens de parler et très bien retracée dans l'article 1er de la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. Il s'agit de relier entre eux certains territoires stratégiques du Grand Paris, appelés à devenir de nouvelles centralités urbaines qui constitueront ensemble la palette d'identités du Grand Paris, mais aussi – et j'insiste sur ce point –de les relier avec le coeur de Paris et aux trois aéroports.