Notre démarche doit être profondément différente si nous voulons sortir durablement les personnes de la rue. La question que nous devons aujourd'hui nous poser ne consiste pas à se demander comment mieux héberger les personnes, mais comment mieux les sortir d'une situation d'hébergement.
Je parle sous le contrôle de Catherine Vautrin, qui préside aujourd'hui nos débats, et qui avait engagé une réforme d'ampleur en 2006 et 2007. Poursuivant actuellement cette réforme, nous cherchons à assurer une meilleure coordination de l'ensemble des acteurs via un outil nouvellement mis en place, le système intégré d'accueil et d'orientation, ou SIAO, qui commence à produire de vrais résultats. Il n'est pas acceptable que le 115 réponde systématiquement qu'il n'y a pas de place, alors même que ce service ne sait pas ce qui se passe sur l'intégralité du parc. Lorsque j'ai eu l'honneur d'accepter mon poste ministériel en 2009, le taux de visibilité du SAMU social de Paris sur le nombre de places d'hébergement disponibles était à peine de 30 % – autrement dit, le 115 de Paris répondait non aux demandes d'hébergement en ignorant l'état des disponibilités de 70 % du parc ! La mise en place du SIAO a profondément modifié cet état de choses.
Par ailleurs, nous devons travailler sur les coûts et les prestations réalisées dans l'ensemble des centres d'hébergement d'urgence et des centres d'hébergement et de réinsertion sociale – les CHRS. En effet, nous ne pouvons accepter durablement que la même prestation revienne à 15 euros dans un centre et à 60 euros dans un autre. Nous devons harmoniser les coûts afin de parvenir à une meilleure efficacité de la dépense publique, mais aussi sociale, et de rendre ainsi un meilleur service.
Enfin et surtout, notre stratégie du « logement d'abord » est basée sur un principe simple, selon lequel il n'est pas socialement acceptable de laisser des personnes en situation d'hébergement, alors qu'elles pourraient accéder à un logement : une telle réponse ne répond pas aux besoins de la personne. Si nous souhaitons bloquer le nombre de places d'hébergement, c'est parce que l'hébergement est devenu un palliatif au manque de logements. Or, installer durablement des personnes dans l'hébergement alors qu'elles pourraient avoir accès à un logement, ce n'est pas leur rendre service. Nous souhaitons inverser la logique en faisant en sorte que l'hébergement devienne subsidiaire, la première réponse à apporter à une personne en grande fragilité consistant à lui fournir un logement assorti d'un accompagnement social. Compte tenu de la mise en place de cette stratégie nouvelle, nous devons, parallèlement, mettre fin à l'augmentation perpétuelle du nombre de places d'hébergement – une pratique qui, je le maintiens, revient à vouloir remplir le tonneau des Danaïdes.