Monsieur le ministre, « personnalisation », « sur mesure », « solution pour chaque élève », tels sont les mots que vous avez employés au début de ce débat. Comment ne pas être aussitôt tenté de confronter vos paroles à la réalité vécue quotidiennement dans les écoles ? Force est de constater que votre discours n'est en aucun cas un acte de vérité, pourtant invoqué par le président-candidat pas plus tard qu'hier soir.
À cet égard, les personnels des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, les RASED, sont les grands sacrifiés de la nouvelle vague de suppression de postes au sein de l'éducation nationale pour la rentrée 2012.
Alors que les RASED ont déjà subi des saignées successives ces dernières années, ce sont des milliers de postes supplémentaires qui vont disparaître à nouveau. Au moment même où vous mettez en avant l'importance de l'individualisation des solutions et de la prise en compte au cas par cas des situations, les RASED – spécialistes pédagogiques, psychologues, rééducateurs, c'est-à-dire personnels chargés d'aider les élèves en difficulté dans nos écoles – sont voués à disparaître. Cibler tout particulièrement ces personnels, au nom d'une logique purement comptable, est inacceptable.
Parents et enseignants vous interpellent régulièrement. Je viens d'ailleurs de vous faire parvenir la pétition, totalisant 646 signataires au 2 février, des comités FCPE des XIe et XIIe arrondissements de Paris, au moment même où se prépare la prochaine rentrée scolaire et alors que sont d'ores et déjà annoncées quatre-vingts nouvelles suppressions de poste à Paris.
Comme les effectifs des classes explosent, ce seront donc les RASED qui serviront à nouveau de variables d'ajustement. Un poste sur RASED que l'on supprime ici ou là, y compris dans une zone d'éducation prioritaire, c'est moins voyant qu'une fermeture de classe.
D'ores et déjà, dans les XIe et XIIe arrondissements, les exemples sont légion et tristement édifiants : ici une école maternelle avec plus de vingt enfants signalés par leurs enseignants comme relevant du RASED, mais la présence annoncée d'un maître G une seule demi-journée par semaine ; là une école élémentaire avec près de vingt-cinq enfants relevant a priori du RASED et sans aucune nomination de professionnel compétent ; là encore une école élémentaire avec déjà neuf enfants qui vont avoir besoin du réseau, mais un maître E présent une seule demi-journée par semaine ; dans une autre école maternelle, la présence du réseau est censée se limiter, cette année, à la psychologue scolaire.
Vous devinez déjà ma question, monsieur le ministre : quand cela va-t-il enfin s'arrêter ? N'est-il pas temps de dire « stop » aux suppressions de postes, et notamment de postes RASED ?