L'article 1er est basé sur la croyance, quasi religieuse, que ce sont les salaires et les cotisations sociales qui pénalisent l'économie. Pour ma part, je veux rappeler que la source fondamentale des richesses réside dans le capital humain, c'est-à-dire la formation, la rémunération et la protection sociale, et non dans l'amoindrissement de ses capacités. Croire qu'il faudrait forcément copier les pays qui en font moins dans ces domaines est un leurre : s'aligner sur ces pays en allant toujours plus bas sur le plan social, sur le plan des retraites et du droit du travail, n'aboutira jamais à un progrès.
De plus, la croyance selon laquelle le capital humain serait un handicap économique dissimule en fait le véritable handicap de l'économie, à savoir les prélèvements de plus en plus importants opérés sur le capital humain et transférés sur le capital financier. Les comptes de la nation pour 2010 nous le disent : les entreprises non financières ont versé 145 milliards d'euros de cotisations sociales, mais 309 milliards d'euros de dividendes et d'intérêts aux banques. Les exonérations de cotisations sociales accordées sans aucun contrôle, comme le voulait le MEDEF, vont encore grossir les dividendes et la spéculation.
Le caractère excessif des prélèvements effectués sur le capital humain apparaît également en termes de coûts financiers. Selon l'OCDE, en vingt ans, les salaires ont augmenté de 81 % alors que, dans le même temps, les dividendes croissaient de 355 %. Seul le transfert d'une partie des profits vers la rémunération du capital, en direction de l'investissement productif, de l'emploi, de la formation, des salaires, de la recherche et du développement, peut rendre notre économie compétitive – cela seulement, et pas autre chose.