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Intervention de Pierre Forgues

Réunion du 31 janvier 2012 à 16h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Forgues :

Le point de vue de l'opposition socialiste est autre. Je ne pense pas que l'Europe soit en mesure de lutter efficacement contre la crise qu'elle traverse, d'abord parce qu'elle n'a pas de véritable banque centrale, ensuite parce que les pays européens font leur une conception économique qui ne correspond pas aux besoins des peuples.

Il existe bien un problème de compétitivité, comme l'a dit le président Lequiller, mais on ne pourra le résoudre, face à la Chine, à l'Inde et aux pays émergents, en réduisant les charges et les salaires. Au sein de l'Union européenne, la France ne parviendra pas davantage à ses fins en réduisant les charges sociales des entreprises. Il règne en effet actuellement au sien de l'Union européenne une compétition inégale et injuste entre ses pays membres. Je n'ai rien contre le fait que Renault ouvre des chaînes de fabrication de Dacia en Roumanie si son objectif est de vendre ses véhicules sur place, ce qui donnera des emplois aux ouvriers roumains. Le problème, c'est que Renault fabrique en Roumanie des voitures qui seront vendues en France. En procédant de la sorte, Renault supprime des emplois dans notre pays. On le sait, les salaires ne sont pas les mêmes en Roumanie et en France, et il ne s'agit pas de contraindre les ouvriers français à être rémunérés au même niveau que les ouvriers roumains.

Le problème tient à l'absence de volonté de créer les conditions d'une concurrence juste. On ne peut prétendre construire une Europe politique et économique digne de ce nom si la fiscalité des entreprises n'est pas la même dans tous les pays membres. Or une excellente et ancienne directive dit que l'assiette de l'impôt sur les sociétés devait être la même partout dans l'Union européenne, mais nous sommes incapables de trouver neuf pays prêts à s'accorder à ce sujet ! De ce fait, la concurrence « libre et non faussée » demeure un mythe en Europe.

De plus, le mirage du libéralisme sévit depuis vingt ou trente ans, singulièrement dans les pays d'Europe centrale et orientale sortis de l'orbite anciennement soviétique. Je ne suis pas contre le capitalisme familial mais l'on en est bien loin : on est passé à un dogme ultra-libéral, à une forme de capitalisme qui balaie tout sur son passage. Les tenants de cette idéologie considèrent que l'État serait trop puissant, qu'il y a toujours trop de fonctionnaires et trop d'entreprises dans lesquelles les participations publiques sont trop importantes. Mais, au lieu de corriger ce qui peut avoir des effets négatifs, on s'acharne à tout détruire et à favoriser l'émergence d'un capitalisme anonyme qui, étant donné la financiarisation de l'économie, dirige notre pays.

Comment l'Europe serait-elle en mesure de lutter efficacement contre la crise alors qu'elle organise la récession qui provoque le chômage et, ce faisant, appauvrit ? Oui, la priorité c'est l'emploi ; mais il est impossible d'améliorer la situation de l'emploi en imposant une politique de restriction à tous les niveaux. Ce n'est pas en appliquant les politiques actuellement suivies que l'Europe sera en mesure de résoudre la crise. Quant à l'Allemagne, elle doit veiller à ne pas assécher par une politique égoïste l'économie des pays européens dont dépend son commerce extérieur actuellement florissant.

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