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Intervention de Martine Faure

Réunion du 1er février 2012 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Faure :

Quatre-vingts jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, pourquoi inscrire un texte d'initiative parlementaire à l'ordre du jour d'une semaine normalement réservée au Gouvernement ? Et pourquoi recourir à la procédure accélérée, qui ne laisse pas la moindre place à la plus élémentaire concertation ? Parce que ce texte a été dicté par le ministère de l'éducation nationale et parce que sans la procédure accélérée, une proposition de loi déposée le 10 janvier n'aurait pas pu être examinée avant le 21 février, ce qui, faute de temps pour la navette, aurait empêché son adoption. Je regrette vraiment que notre collègue Jacques Grosperrin se prête à cette tartufferie.

Au-delà de cette question de forme, la proposition de loi fait l'unanimité contre elle quant au fond. Car, malgré les propos rassurants du rapporteur, elle consacre le démantèlement et l'éradication des IUFM à moyen et à long terme, conformément à l'objectif des deux ministres de l'éducation nationale qui se sont succédé au cours de la législature. Le ministre Darcos parlait sans cesse de mastérisation sans rien nous dire de ce qu'il en serait de la formation ; quant à Luc Chatel, il a eu en commission des mots très durs pour les IUFM, que nous avons tous entendus.

Après le désastre de la mastérisation, qui a privilégié une formation universitaire fondée sur des savoirs académiques au détriment d'une véritable formation pédagogique, ce texte tend à supprimer du code de l'éducation toute référence aux IUFM, ce qui est extrêmement grave. Par le seul adverbe « notamment », que l'amendement à l'alinéa 2 de l'article 1er ne supprime pas, il introduit dans la rédaction de l'article L. 625-1 une ambiguïté qui est un véritable signal adressé aux instituts privés, le cas échéant catholiques, comme à Bordeaux.

Enseigner est un métier qui s'apprend. Cette évidence disparaît au profit d'un credo qui fait de l'enseignement un art, un don naturel fondé sur le mimétisme – celui des jeunes stagiaires à qui il suffirait d'observer un maître qualifié pendant une journée –, voire une science infuse. Le constat est unanime : notre système éducatif se porte mal et la formation initiale et continue des enseignants, qui est au coeur de ce système, méritait un meilleur sort. Les IUFM, en tant qu'écoles intégrées à l'université, ont démontré leur efficacité en créant des masters malgré le cadre qui leur était imposé par le ministère au niveau national ou par leurs universités d'accueil au niveau local.

Un projet ambitieux pour l'éducation doit faire toute sa place à une école universitaire à finalité professionnelle, dont les moyens seront garantis par l'État. Au contraire, ce texte faussement anodin est inspiré par une idéologie qui remet en cause les principes de l'école républicaine et le statut des enseignants. La précarisation de ce statut est la face cachée des réformes. Désormais, c'est indéniable, le recours à des non-titulaires – contractuels ou vacataires – pour pallier le manque structurel d'enseignants est devenu systématique. Hypocrite, incohérent, ce texte est aussi revanchard – on sait combien l'arrêt du Conseil d'État a blessé le ministre. Voilà pourquoi nous le repoussons résolument.

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