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Intervention de Marc Girard

Réunion du 9 juin 2010 à 19h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Marc Girard :

Avant de répondre à cette question, je reviendrai sur la directive scélérate. Comment se fait-il – et je vous pose la question naïvement – que la seule commission d'enquête qui ait été refusée soit celle du Parlement européen, alors que toutes les conditions nécessaires étaient remplies ? Vous pourriez penser que les députés européens sont moins habiles que vous, mais j'ai une autre idée. Il ne faut pas non plus imputer ce refus au manque de spécialistes de pharmacovigilance au sein d'une commission, car il est toujours possible d'en trouver. En revanche, ce projet de commission d'enquête est le seul qui ait été inspiré par un spécialiste de pharmacovigilance – suivez mon regard ! Il était donc clair que cette commission se serait intéressée non seulement à l'Organisation mondiale de la santé mais aussi à l'Agence européenne du médicament, et aurait ouvert – ce qui n'aurait pas manqué pas d'être « saignant » – le dossier d'enregistrement des vaccins, en s'intéressant notamment aux sept morts dont on nous dit aujourd'hui qu'elles n'ont pas été causées par le vaccin – sans nous dire pour autant à quoi elles sont dues. À l'évidence, l'Agence européenne du médicament a senti venir le coup. Vous êtes des politiques, pas moi. Je trouve effrayants les mécanismes souterrains par lesquels cette demande d'enquête a pu être sabordée.

Pour ce qui est du nombre, bien que je n'aie pas le dossier sous la main, je crois me souvenir que quatre cents enfants ont reçu le vaccin Pandemrix et que deux hépatites auto-immunes se sont déclarées : c'est quand même beaucoup. Vous avez rappelé avec beaucoup de pertinence que ce n'est pas être antivaccinaliste que de dire, comme nous l'avons appris voilà trente ans à la faculté, que tout vaccin comporte un risque minime de réaction auto-immune. Ce risque peut être acceptable si le vaccin protège contre une maladie très grave comme la poliomyélite ou le tétanos, et s'il n'y a pas trop de vaccins. Mais au fur et à mesure que vous augmentez indûment le nombre de ceux-ci, vous augmentez mécaniquement, statistiquement, le risque de pathologies auto-immunes.

Pourquoi une telle excitation à propos du vaccin contre la grippe ? La grippe est peut-être une maladie très grave, mais il ne faut pas exagérer : voilà encore trois ou quatre ans, on la soignait en prenant un grog et en se mettant au lit ! Cependant, de tous les vaccins disponibles, le vaccin contre la grippe est le seul qu'on peut prescrire à nouveau tous les ans. L'espérance de vie étant aujourd'hui en France de l'ordre de quatre-vingt ans, s'il faut vacciner tout le monde chaque année, chacun recevra 80 immunisations au cours de son existence – mais avec trois antigènes, ce qui signifie que, pour une maladie strictement bénigne, vous recevrez, pour le seul vaccin antigrippe, 240 immunisations au cours de votre vie. Ce n'est pas compatible avec la prudence hippocratique. En outre, je mets au défi quelque autorité sanitaire que ce soit de me montrer les études permettant d'évaluer le risque d'une telle surimmunisation.

Pour qui a un peu l'habitude de la pharmacovigilance se pose un autre problème, totalement sous-estimé : celui des morts subites du nourrisson. Songez au nombre de gamins qu'on vaccine… Or, voici comment fonctionne la pharmacovigilance : un gamin meurt. Il a été vacciné deux ou trois jours avant. On parle alors de mort subite. Parfois, on n'enquête même pas. J'ai même vu un article dans lequel, au lieu de se demander s'il y avait un lien avec le vaccin, les auteurs indiquaient fièrement que l'enfant était à jour de ses vaccinations. Or, c'est peut-être bien parce qu'il était à jour de ses vaccinations…

On parle de « sectes antivaccinalistes » et de guerre de religions. Pour ma part, je me suis efforcé d'intervenir en professionnel pour rappeler que les vaccins sont des médicaments comme les autres, avec leur potentiel d'effets indésirables. Ainsi, je ne comprends pas M. Bernard Debré – et s'il était là, je le dirais de la même manière –, qui a été l'un des premiers à employer la jolie formule de « grippette » : s'il s'agissait d'une grippette, pourquoi fallait-il vacciner les enfants ? Il entre là de l'inconscient, qui fait dire que les vaccins ne sont pas dangereux. Je cite souvent l'exemple du dossier de l'Engerix, le vaccin contre l'hépatite B. Savez-vous combien de temps ont duré les études de tolérance pour ce vaccin – sachant qu'il s'agit d'un dossier américain, beaucoup plus lourd que s'il s'était agi de l'Institut Pasteur ? Quatre jours ! Il n'est pas besoin d'être un professionnel de santé pour comprendre…

Un vaccin est un médicament fait pour induire en vous des effets immunitaires, présumés bénéfiques, pendant des années, voire des décennies. Par quelle inconscience, par quelle inconséquence peut-on considérer que, si un médicament est apte à générer chez vous des effets immunologiques bénéfiques pendant des dizaines d'années, il ne serait pas apte, du même coup, à générer des effets immunologiques néfastes ? Or, avec le vaccin contre l'hépatite B, il est question de sclérose en plaques et de maladies auto-immunes : on est au coeur du problème, mais cela n'a pas été étudié.

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