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Intervention de Paul Giacobbi

Réunion du 16 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

J'ai eu l'occasion de travailler dans l'industrie et de réfléchir aux conditions de l'attractivité française sur les investissements étrangers dans le cadre des travaux préparatoires du rapport sur « L'attrait de la France pour les investisseurs étrangers » que j'ai préparé pour M. le Président de la République. Si personne ne m'a parlé du coût du travail – sauf pour m'assurer que notre productivité est très supérieure à celle des États-Unis, par exemple –, il n'en est pas de même de l'effrayante instabilité, complexité et rigidité des règles, procédures, méthodes, habitudes, organisations françaises.

« We do not want to be trapped in France », ai-je entendu : la peur de se trouver prisonnier est bel et bien là car, lorsqu'un dispositif est bon, ce qui est d'ailleurs rare, nous nous empressons de chercher à le supprimer, comme c'est le cas de notre crédit d'impôt recherche, pourtant le meilleur du monde. Que pensez-vous de la mise en place d'un système qui garantirait davantage aux investisseurs étrangers, mais aussi français, une relative stabilité des règles fiscales et sociales applicables au moment où l'investissement est réalisé et, ce, sur une certaine durée ? Nous nous sommes assurés de la constitutionnalité d'une telle possibilité, même si elle ne plaît pas à Bercy ?

Ne pourrait-on pas également mieux informer les investisseurs étrangers sur le gigantisme des procédures auxquelles ils seront soumis s'ils veulent réaliser tel ou tel type d'investissement, y compris en s'engageant sur les délais ? Car ce ne sont pas les primes qui les attirent, même si certains succombent parfois à leurs attraits !

J'ai bien noté l'importance d'une entreprise comme Tata dans le secteur automobile, mais également dans bien d'autres domaines : sixième producteur mondial d'acier, elle compte 100 000 employés en Europe et figure parmi les premières entreprises mondiales dans les domaines de l'horlogerie, de l'hôtellerie et des fibres optiques. Sa structure capitalistique permet son contrôle par un conseil de famille. Avec 24 milliards de dollars, sa capacité d'investissement en Europe est colossale. Comme l'a dit un grand responsable du groupe : « It's like Olympics games : we will turn every four years. »

Dans le domaine de l'automobile, plus précisément, la compétitivité ne dépend pas des seuls coûts de production : nous sommes confrontés à un combat entre le pot de fer et le pot de terre. Je ne sais pas si Mittal était plus compétitif que Arcelor, mais je sais que le premier avait décidé d'acheter le second et que celui-ci ne pouvait refuser, essentiellement pour des raisons de gouvernance. Pourquoi cela ne se reproduirait-il pas dans le secteur automobile avec une entreprise comme Tata, qui vise explicitement l'Europe, ses entreprises et certains segments de ses marchés ? Comment vous y préparez-vous ?

Enfin, depuis vingt ans, l'évolution des aéroports indiens a été colossale. Si les aéroports de Paris se sont modernisés, leur rigidité institutionnelle et leur réactivité plus que discutable demeurent. Comparer Bangalore et Aéroports de Paris, c'est un choc ! La modernité n'est pas où on le pense ! Fedex nous explique ainsi que si sa présence en France est impérative pour des raisons géographiques et stratégiques, elle essaie d'échapper à Aéroports de Paris en organisant des bases ailleurs en Europe. Voilà l'exemple type de ce qui porte atteinte à notre compétitivité puisque notre système supprime un atout considérable d'un point de vue géographique et économique !

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