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Intervention de Jean-Cyril Spinetta

Réunion du 16 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Jean-Cyril Spinetta, président du groupe Air France-KLM :

La prise de conscience des salariés, au moins dans les grands groupes, est acquise : on ne peut financer les politiques nationales de protection sociale sur les charges sociales acquittées par les entreprises. À Air France, j'ai d'ailleurs eu l'occasion d'exposer les difficultés que nous rencontrions au sein de l'espace européen. En outre, un problème de fonctionnement peut surgir entre cette compagnie et KLM, la performance de la seconde étant meilleure que celle de la première alors que c'est celle-là qui a absorbé celle-ci. Les Néerlandais finiront par refuser de suppléer les défaillances françaises.

Nous souffrons également de la multiplicité des instances de procédure, l'intervention du juge, plus que les textes, contribuant souvent à compliquer davantage les situations. Parmi les grandes réformes récemment réalisées figure celle de la représentativité syndicale, dont les effets – je songe à l'amélioration du dialogue social à travers l'émergence de grandes organisations syndicales, condition d'une meilleure maîtrise des procédures – se feront ressentir progressivement. Si la négociation sociale se déroule dans de bonnes conditions, nous parvenons à respecter des délais convenables pour résoudre les problèmes mais, si les syndicats décident d'utiliser toutes leurs armes, ils peuvent le faire avec une maestria consommée. La situation est aujourd'hui en train de changer, comme nous l'avons constaté à Air France lors des élections qui se sont déroulées la semaine dernière, et qui ont acté les parts d'influence de certains syndicats, la représentation étant désormais de plus en plus circonscrite par de grandes organisations, avec une amélioration sensible du dialogue social à la clé.

La qualité de la concertation, aux Pays-Bas, est quant à elle assez comparable à celle de l'Allemagne. Les comités d'entreprise y disposent d'un véritable droit de veto – lequel paraît inimaginable chez nous –, le Work Council leur permettant, par exemple, d'empêcher une fusion d'entreprises, le juge devant alors déterminer si ce refus est légitime ou non. Cela n'est possible que parce que les syndicats jouent parfaitement le jeu en termes de maintien du secret des informations qui leur sont communiquées longtemps à l'avance, que leur nombre favorise un dialogue de qualité et, enfin, que l'examen des stratégies et des enjeux est commun.

En ce qui concerne la baisse de la taxe professionnelle, que nous avons grandement appréciée, celle-ci a profité à Air France à hauteur d'un peu plus de 30 millions.

S'agissant de l'augmentation des salaires, je ferai une réponse de Normand : tout dépendra de ce qui se passera en Allemagne. J'ai participé récemment à un échange sous l'égide de la Fondation Friedrich-Ebert avec les syndicats allemands DGB et VerDi, dont il ressortait que ce pays semble sorti d'une phase de « désinflation compétitive », soit d'une politique de rigueur assez prononcée en matière salariale. Qu'il s'agisse d'accords d'entreprises ou de branche, la situation évolue assez rapidement. Si l'Allemagne devait s'en tenir aux politiques de rigueur menées ces dix dernières années, les salaires ne pourraient pas augmenter dans notre pays mais, si ce pays relâche effectivement la pression, nous disposerions de quelques marges d'ajustement.

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