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Intervention de Jean-Pierre Clamadieu

Réunion du 16 mars 2011 à 16h00
Mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale

Jean-Pierre Clamadieu, président-directeur général de Rhodia :

Pour Rhodia, la réforme de la taxe professionnelle aurait dû être une bénédiction. Or, compte tenu du plafonnement, le prélèvement est passé de 3,5 % à 3 % de la valeur ajoutée. Cela représente 4 millions d'économies par an – c'est bien, certes, mais ce n'est pas révolutionnaire. J'ajoute que le déplafonnement de la contribution au service public de l'électricité et le projet visant à faire payer une fraction des quotas de CO2 – ce dernier semblant toutefois contraire au droit européen – engloutiraient environ la moitié des économies réalisées grâce à la réforme de la taxe professionnelle. Pour une entreprise qui investit considérablement et qui consomme beaucoup d'énergie, la direction suivie par les pouvoirs publics n'est guère claire.

Nous bénéficions en outre d'un dialogue social de bonne qualité. Un accord concernant une hausse des salaires de 3 % a ainsi été signé cette année avec l'ensemble des partenaires sociaux, y compris la Confédération générale du travail (CGT), en raison de la bonne santé de notre entreprise, laquelle semble d'ailleurs perdurer en 2011.

S'agissant, en revanche, de la flexibilité, nous souhaiterions qu'il soit mis fin au millefeuille social nous obligeant, pour de simples évolutions dont l'impact est très modeste, à passer devant de multiples instances et à respecter des procédures extrêmement complexes. Si les comités d'entreprise ont toujours recouru aux expertises, c'est maintenant aussi le cas des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail qui, sur les mêmes questions, font appel à leurs propres experts. Bref, l'ingénierie est complexe et sa rationalisation serait bienvenue. Ainsi, au premier trimestre, 30 % de notre activité avait disparu : il a fallu onze mois pour que les plans d'ajustements structurels soient mis en place, alors qu'ils l'ont été en deux ou trois mois dans la plupart des autres pays du monde. La simplification de ce millefeuille constitue une telle priorité que j'avancerai que nous serions sans doute prêts à promouvoir des mesures d'accompagnement plus généreuses en échange d'une sécurité juridique et d'une rapidité d'action plus soutenue.

Autre exemple : en 2009, nous avons souhaité maintenir notre force de frappe pour préparer le redémarrage de l'activité après la crise. Dans la région lyonnaise, nous avions deux usines, l'une à Collonges, l'autre à Saint-Fons. Vous n'imaginez pas les difficultés que nous avons rencontrées pour affecter les salariés de celle dont la sous-activité était très forte à celle dont le niveau d'activité, au contraire, était tel que nous y employions un grand nombre d'intérimaires. La complicité était objective entre, d'une part, ceux qui étaient habitués à travailler avec leurs intérimaires et qui n'avaient pas très envie de les voir partir – nous avions fixé comme règle du jeu la préservation d'un emploi permanent – et ceux qui, d'autre part, considéraient que la sous-activité n'était pas si désagréable, dès lors que l'entreprise avait pris quelques engagements sur la façon dont elle serait traitée.

Même si l'année 2009 a, certes, été celle d'une crise majeure, nous devons faire face à des évolutions permanentes. La situation que connaît le Japon, par exemple, aura inévitablement un impact : dans certains secteurs, nous serons obligés de produire plus pour pallier des défaillances et, dans d'autres, de produire moins parce que nos clients auront d'autres priorités. La France, plus que d'autres pays, éprouve des difficultés à s'adapter.

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