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Intervention de Marie-Hélène Wittersheim

Réunion du 11 janvier 2012 à 17h00
Commission d'enquête relative aux modalités, au financement et à l'impact sur l'environnement du projet de rénovation du réseau express régional d'Île-de-france

Marie-Hélène Wittersheim, présidente du COURB :

Le comité des usagers du tronçon sud du RER B – sur la branche de Saint-Rémy-lès-Chevreuse – existe depuis vingt ans. Il a toujours dialogué de manière constructive, dans le seul but de donner satisfaction aux usagers du RER B. La liste de leurs doléances n'a hélas cessé de s'allonger ces dernières années.

La ligne B est un axe stratégique pour les Franciliens, mais aussi pour les voyageurs de passage à Paris et les nombreuses entreprises qui sont implantées le long de son parcours. L'économie régionale et le rayonnement de notre pays reposent en partie sur cette précieuse ligne de RER, qui dessert les deux grands aéroports de l'Île-de-France, trois grandes gares de TGV à savoir Roissy, Massy et la Gare du Nord, mais aussi plusieurs hôpitaux, des centres de recherche de renommée internationale, de nombreux établissements scolaires ou d'enseignement supérieur, un centre national d'examens, de nombreuses entreprises privées et organismes publics, le centre touristique de Paris, le Stade de France, le Parc des expositions de Villepinte, le Parc Astérix, et nombre de communes non riveraines plus ou moins denses. Pourtant, elle n'a toujours pas de schéma directeur !

Les usagers souhaitent avant tout être considérés comme des clients et respectés comme tels, avec un service de qualité. Les points d'insatisfaction – dont la plupart ont déjà été mentionnés par les intervenants précédents – sont nombreux. Il s'agit en premier lieu des dysfonctionnements du service : irrégularité du trafic, allongement des temps de trajet, changements de desserte en cours de trajet, annulations impromptues de missions, changements de train inopinés, fins de ligne délaissées à la reprise du trafic suite à un incident dans le souci de faire remonter les trains vers Paris le plus rapidement possible.

L'information et la communication sont insuffisantes, voire lourdement défaillantes. La fréquence des trains l'est tout autant : elle n'a pas changé depuis de nombreuses années. Les usagers déplorent par ailleurs l'inconfort des rames. Nous sommes surpris de voir réduire le nombre de sièges dans les nouvelles rames, au moment même où l'âge du départ à la retraite augmente et où la population de grande banlieue connaît un fort accroissement lié à la flambée des prix de l'immobilier à Paris. Le parcours de la ligne est long de 80 kilomètres : l'incidence de cette diminution du nombre de places assises – à seule fin de pouvoir entasser plus de voyageurs dans les rames – est facile à imaginer.

La politique tarifaire est inadaptée : les prix à l'unité ou de gare à gare doivent être revus. Les usagers se plaignent également du manque de propreté des rames : ce n'est ni une bonne image de la France, ni un bon exemple pour nos jeunes.

La gestion des quais n'est pas toujours optimisée – nous en donnons des exemples dans notre contribution écrite. L'accessibilité aux handicapés et aux personnes munies de poussettes ou de valises est insuffisante. Des efforts ont déjà été faits dans certaines gares, mais il faut aller plus loin. L'accueil et les équipements dans les gares laissent parfois à désirer.

L'insécurité est un autre point noir : on enregistre encore trop d'agressions aux heures creuses. L'accès aux parkings aux abords des gares est largement insuffisant, et la tarification très hétérogène et parfois même prohibitive. Le maillage et les correspondances sont insuffisants. Il est vrai qu'à chaque nouveau maillage, il faut s'attendre à 30 % de fréquentation supplémentaire – ce qui n'est pas neutre. Le réseau est tellement saturé qu'il ne permet pas l'aménagement du plateau de Saclay tel qu'il est prévu au titre du projet du Grand Paris.

La ligne B est par ailleurs tributaire de nombreux conflits sociaux internes à la RATP.

J'évoquerai enfin, l'inadaptation des critères d'évaluation du service définis par le STIF, ainsi que les conséquences de l'entrecroisement des lignes B et D au niveau du tunnel de la Gare du Nord. L'autonomie des deux lignes est évidemment très attendue.

Nous appelons de nos voeux un service régulier et fiable, équivalent pour toutes les dessertes, y compris en bout de ligne, et une communication « en temps réel », accessible au moyen de tous les supports. Il importe également d'assurer la cohérence des départs de bus avec les arrivées de trains, même en cas de retard. Nous souhaitons des places assises et confortables pour tous, des rames propres et sécurisées, en nombre suffisant, ainsi que la réservation d'espaces d'affichage dans les gares pour les associations d'usagers, qui ne disposent aujourd'hui que du support internet. Les associations souhaitent aussi participer à l'élaboration du schéma directeur et tester les prototypes. La contribution du client dès la phase des études est une garantie de résultat.

Il faudrait d'autre part uniformiser à tous les transports d'Île-de-France le numéro d'appel d'urgence 3117.

Nous attendons également des progrès en matière de transparence et de publication des statistiques relatives au trafic et à la sécurité.

Ainsi, le COURB propose d'étudier, à nouveau, la possibilité de faire circuler des rames à deux étages sur la ligne B, d'installer des panneaux d'information dans les rames, et de soumettre les projets aux associations avant toute réalisation. Il suggère également de dédier les deux voies au RER B et de prévoir des solutions de retournement intermédiaire ou systématique pour les cas d'incident majeur, tout en respectant les terminus. En outre, il appelle à accélérer l'élaboration des propositions du schéma d'amélioration du RER B Sud et à supprimer les trains courts. Confier la totalité de la ligne à un seul opérateur nous semble également une piste intéressante. Dans le même ordre d'idées, nous préconisons la réalisation rapide du centre de commandement unifié de Denfert-Rochereau. Il faut donc moderniser la ligne, prévoir des trains et des conducteurs en réserve, développer les parkings gratuits pour inciter les habitants de grande banlieue à renoncer à la voiture, ainsi que les gares routières et donner une bonne information aux conducteurs de bus à l'arrivée des RER.

Il est urgent de rendre les transports en commun plus fiables, plus fréquents, mieux maillés et plus respectueux des passagers.

Notre association est reçue une à deux fois par an par la RATP. Même si ses demandes sont écoutées, nous avons le sentiment d'un certain immobilisme. Nos relations avec le STIF sont plus épisodiques. Nous sommes aussi en relation avec les autres associations présentes aujourd'hui, avec les élus des communes riveraines, avec l'Association des villes du RER B Sud et avec la presse locale.

Nous fondons de grands espoirs sur le relais que la commission d'enquête pourra assurer à notre désir de faire de nouveau du réseau express régional un service public apprécié de tous les voyageurs.

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