La seconde notion à considérer est le taux d'attaque. Si une très large proportion de la population est touchée, il peut y avoir, bien que la virulence soit faible, un nombre extrêmement important de malades et donc, par la loi des grands nombres, de décès. Ce que nous redoutions le plus, c'était un taux d'attaque élevé. Or, d'après les analyses de l'Institut de veille sanitaire et d'autres organismes sur la situation dans l'hémisphère Sud pendant l'été, il n'y avait pas d'indice que le taux d'attaque serait faible. Un des grands enseignements est que nous sommes aujourd'hui capables d'en savoir beaucoup, et très vite, en matière d'épidémiologie et de virologie, mais qu'il reste des progrès considérables à faire dans la discipline de l'immunologie, c'est-à-dire l'étude de la réceptivité d'une population. Nous n'avons su qu'en septembre que certaines personnes pouvaient avoir des anticorps protecteurs, et ce n'est qu'en décembre que la revue PNAS a publié un article de M. Jason Greenbaum et ses collaborateurs montrant que des éléments immunologiques pouvaient peut-être expliquer qu'une partie importante de la population n'ait pas déclenché une maladie, ou alors bénigne. Il ne faut donc pas se focaliser sur la virulence : le taux d'attaque aussi est important, et c'est sur ce point que nous avons connu des surprises.