L'idée qu'une seule dose pouvait être suffisante n'était absolument pas défendable en mai, juin ou juillet. Cela a constitué une véritable surprise en septembre, après les premiers résultats des essais cliniques et n'a été confirmé qu'au mois de novembre. Or, la question de l'acquisition des vaccins se posait en mai et juin.
À cette époque, la France était dans une situation particulièrement difficile : les deux industriels avec lesquels nous avions passé des contrats de réservation semblaient ne pas pouvoir être au rendez-vous pour la livraison. Sanofi Pasteur n'avait pas obtenu d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour son vaccin adjuvanté Emerflu. L'espoir qu'il puisse assurer une livraison précoce dans le cadre de notre contrat – à tranches conditionnelles – était quasiment nul. Cette analyse s'est confirmée, puisque l'autorisation de mise sur le marché n'a été obtenue qu'en février ou mars 2010. Nous ne pouvions donc pas compter sur ce grand professionnel du vaccin, qui représentait la part la plus importante de nos acquisitions. Les capacités de production de notre deuxième partenaire, Novartis, avec lequel nous étions engagés en moindre quantité, étaient plus faibles et nous doutions qu'il puisse délivrer suffisamment en temps utile. Il a donc fallu in extremis se tourner vers un industriel avec lequel nous n'avions pas de contrat – alors que d'autres pays en avaient ! Or, c'est celui qui a progressé le plus vite entre 2006 et 2009 et qui disposait des capacités de production les plus importantes, avec deux usines, l'une à Dresde et l'autre au Canada, ce qui permet de changer de source en cas de problème de production. Début mai, j'ai indiqué à la ministre de la santé et des sports que l'industriel le plus à même de délivrer tôt et en quantité suffisante était selon toute vraisemblance, GSK. Cela s'est confirmé. N'ayant pas de contrat de réservation, nous n'étions pas en position de force pour négocier des tranches conditionnelles. Le contexte, par malchance, n'était donc pas favorable à la France.