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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 15 juin 2010 à 9h00
Commission d'enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe a

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

Heureusement que nous avons fait des changements ! Je vous remettrai le tableau des mesures d'adaptation que nous avons prises en continu pour tenir compte des éléments nouveaux qui venaient à notre connaissance.

Lors de la première phase de la pandémie, nous étions dans une stratégie de « contingentement » – d'observation et de limitation de la diffusion du virus. Ensuite, quand nous avons réuni les éléments nécessaires, nous avons décidé de nous adresser à la médecine de ville. Mais cette décision, qui date du 21 juillet, n'a été prise qu'après examen, et après avoir réuni et informé les professionnels de santé. Le passage à une prise en charge ambulatoire de la grippe a donc été préparé.

De la même façon, nous avions élaboré un dispositif de traçabilité absolument indispensable dans la mesure où l'on prévoyait une vaccination avec deux doses. Ensuite, les organisations sanitaires nous ont annoncé qu'une vaccination monodose suffirait. Vous imaginez bien que le passage de l'une à l'autre a exigé des adaptations.

De la même façon encore, l'affluence dans les centres a posé des problèmes d'organisation : on est passé de centres vides à des centres très fréquentés. Le problème a finalement été résolu en une semaine. Pourtant, il est difficile de modifier une organisation d'État qui n'est pas une organisation dédiée. Je n'allais pas installer des sortes de « forts Bastiani » dans lesquels des milliers de lieutenants Drogo auraient attendu indéfiniment la survenue d'une éventuelle pandémie ! J'ai dû puiser dans les forces vives et procéder, tout au long du mois de novembre, à des adaptations.

La fois prochaine, il faudra agir de la même façon et gérer la crise en fonction des évolutions parce que, par définition, la situation en cours de pandémie est peu stable. Dans notre pays, où l'on est très cartésien, on aimerait disposer d'une sorte de modèle idéal et immuable, avec une administration de la pandémie, une agence de la pandémie et des fonctionnaires de la pandémie. Mais ce n'est pas ainsi que cela se passe, et il nous faudra toujours gérer la crise en nous adaptant continûment.

Lors du pic du début du mois de décembre, jusqu'à 300 000 personnes venaient se faire vacciner et un million de consultations supplémentaires liées à la grippe A(H1N1) ont été constatées. Le phénomène allait-il perdurer ? Nous l'ignorions et ne pouvions donc prendre le risque, sur un pari optimiste, de démonter un dispositif complexe. Mais dès que l'affluence a cessé, j'ai décidé de faire fonctionner les centres de vaccination au ralenti pendant la période des fêtes, de telle sorte que les professionnels de santé mobilisés puissent profiter de celle-ci, tout en préservant la possibilité de réactiver le dispositif en cas de nouvel emballement.

Le professionnel de santé est certes l'informateur idéal de sa patientèle, Madame Catherine Génisson, mais une pandémie n'affecte pas que des personnes malades ou celles qu'il reçoit dans son cabinet, et le médecin généraliste ne peut pas informer l'ensemble de la population. Comment néanmoins mener des politiques de santé publique avec l'appui de la médecine générale, par exemple sous forme de réunions d'information dans les établissements scolaires ou sur les lieux de travail ? Il faudrait trouver des modes alternatifs de rémunération car la rémunération à l'acte est très mal adaptée dans ce cas. La loi devrait nous donner les outils nécessaires et je m'emploie à les définir.

J'ai entendu que les médecins n'étaient pas informés. Mais bien sûr que si ! Après presque dix ans d'études, ils savent quels conseils donner à leurs malades face à une grippe, sévère ou non. Ce sont sans doute les professionnels qui ont la formation la plus longue et la plus adaptée au métier qu'ils vont exercer.

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