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Intervention de Yves Crozet

Réunion du 29 mars 2011 à 17h30
Commission d'enquête sur la situation de l'industrie ferroviaire française: production de matériels roulants voyageurs et frets

Yves Crozet, professeur à l'Université Lyon 2, Laboratoire d'économie des transports :

La marginalisation du fret ferroviaire a une origine culturelle : la logique « dominant-dominé » ou encore la logique d'honneur, que Philippe d' Iribarne a très bien analysée. Il faut savoir qu'au sein de l'entreprise intégrée qu'était la SNCF l'activité fret était historiquement l'activité dominée – les choses ont changé depuis. C'est au fret qu'on empruntait la locomotive ou encore le conducteur manquant, c'est également le train de marchandises qu'on faisait stopper pour laisser passer le train de voyageurs. C'est du reste la raison pour laquelle le fret rassemble les éléments les plus durs. Pour le dégager de son ornière, il faut donc le sortir de l'entreprise – la SNCF – dans laquelle il est, par définition, en situation de dominé, voire de marginalisé.

S'agissant des sillons, selon les données de RFF, le nombre de trains circulant en France ne cesse de diminuer : ce n'est donc pas tant le manque de sillons, qui pose problème, que la procédure, qui est trop compliquée. Dans le cadre d'un récent mémoire, un étudiant a observé que les opérateurs du fret, notamment la SNCF qui, il est vrai, a des informations privilégiées sur le graphique – c'est un avantage concurrentiel –, recourent de plus en plus aux sillons de dernière minute, qui sont une vraie bouffée d'oxygène pour les entreprises. RFF s'interroge actuellement sur la place qu'il convient de donner à ces sillons de dernière minute : les « graphicages ferroviaires » ne devraient-ils pas les prévoir systématiquement ? Cette respiration serait le meilleur cadeau à faire au fret. La Direction des circulations ferroviaires (DCF) y réfléchit.

S'agissant de la vitesse, il convient à la fois de calculer le coût de la minute gagnée et de s'interroger sur le moyen de la gagner. La construction du nouveau pont de Bordeaux a permis de gagner plus de temps que cinquante kilomètres de lignes nouvelles. De plus, il faut compter en termes de « temps utile » : ce n'est pas perdre son temps que de passer dix minutes de plus dans un train si on dispose d'une connexion à internet et de prises électriques pour brancher son ordinateur. L'amélioration du service permet de gagner du temps aux yeux de tous les spécialistes du transport intelligent.

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