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Intervention de Alain Bocquet

Réunion du 29 mars 2011 à 17h30
Commission d'enquête sur la situation de l'industrie ferroviaire française: production de matériels roulants voyageurs et frets

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bocquet, président :

Mes chers collègues, nous recevons aujourd'hui deux universitaires et chercheurs, spécialistes reconnus des transports, qui se sont notamment intéressés aux activités ferroviaires en France et à l'étranger.

MM. Yves Crozet et Alain Bonnafous sont des économistes, professeurs des universités, ayant occupé de hautes responsabilités au sein du Laboratoire d'économie des transports (LET), un centre de recherche de réputation mondiale, créé il y a trente ans, et rattaché au CNRS, à l'Université Lyon 2 et à l'École nationale des travaux publics de l'État (ENTPE).

Le LET a une approche pluridisciplinaire de ses travaux : économique, bien évidemment, mais qui mobilise également des spécialistes de l'ingénierie, des sociologues, des géographes et des chercheurs en science politique.

Notre commission tient spécialement à remercier MM. Crozet et Bonnafous de venir devant nous pour répondre à nos interrogations sur l'avenir de la filière industrielle ferroviaire française, dans un marché désormais mondialisé mais que l'on considère en croissance régulière et durable.

Je souligne que M. Crozet est également membre du conseil d'administration de RFF à titre de personnalité qualifiée. Pour sa part, M. Bonnafous a été, jusqu'à une date récente, vice-président du Conseil national des transports. Il est, de plus, lauréat 2010 du prix « Jules Dupuit », une haute distinction internationale décernée par la Conférence mondiale de la recherche sur les transports qui rassemble plus de 1 500 spécialistes. Je rappelle que Jules Dupuit, ingénieur des Ponts et Chaussées du XIXe siècle, est considéré comme le père fondateur de l'économie des transports.

Messieurs, je vous demanderai d'abord votre appréciation sur les conséquences économiques de la dérégulation du secteur ferroviaire en Europe. Ce que certains estiment être les imperfections, voire les échecs, du processus, ont abouti à un paysage confus qui n'a pas été sans conséquence sur la filière ferroviaire française.

S'il existe d'ailleurs un « Ciel unique » européen dans le domaine aérien, il n'y a pas de système ferroviaire unifié en Europe. En matière industrielle, il n'y a pas non plus un « Airbus du rail », qui fédérerait constructeurs et équipementiers. L'offre européenne reste dispersée face à une concurrence exacerbée du fait de l'émergence de nouveaux acteurs, comme les Chinois et les Coréens, et de fabrications low cost.

Notre deuxième question portera sur le fret ferroviaire. Où en est l'Europe en ce domaine ? En France, le déclin se confirme, année après année, en dépit des orientations du Grenelle de l'environnement : n'avons-nous pas, plus que d'autres, perdu la bataille face à la route ? Les diverses réformes successivement engagées, pour aboutir au modèle économique actuel de SNCF-Geodis, traduisent-elles une démarche crédible ? Un redressement de l'activité fret est-il encore concevable ? Dans l'affirmative, à quelles conditions ?

Quelles sont également, selon vous, les forces et faiblesses de notre industrie ferroviaire à l'exportation ? À l'exception d'Alstom, de Bombardier, de Siemens France et de Faiveley, les autres acteurs français paraissent bien trop petits, quel que soit leur savoir-faire : des rapprochements semblent vitaux pour la filière. Partagez-vous cette analyse ? De plus, l'ingénierie ferroviaire – je pense à Systra – accompagne-t-elle efficacement nos exportateurs ?

Par ailleurs, le président de la SNCF a appelé de ses voeux, lors de sa récente audition devant la commission d'enquête, la relance d'un grand programme de recherche sur les transports, en précisant qu'il revenait aux pouvoirs publics d'en fixer les lignes directrices et les priorités : qu'en est-il exactement ? Avez-vous des propositions en ce sens ? Faut-il, à l'instar des Chinois, se lancer sur la très grande vitesse commerciale à 380 kilomètres l'heure et au-delà, alors que certains de nos interlocuteurs ont considéré que la France subissait déjà les conséquences d'un « trop TGV » voire d'un « tout TGV » ?

Messieurs, telles sont mes premières questions. Après un bref exposé de votre part, le rapporteur de la commission d'enquête, Yanick Paternotte, vous posera les siennes, suivi par les autres membres de la commission.

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