Ne seriez-vous, en effet, pas vous-même tombés dans une sorte de piège ? Depuis des mois, et avec ténacité, vous vous êtes posés en champions de la négociation sociale, bâtisseurs d'une flexisécurité à la française qui aurait pu, au moment de la présidence française de l'Union européenne, être un modèle pour l'Europe. Je vous concède que nous n'étions pas tout à fait dupes. Nous avons constaté que les éléments de flexibilité étaient bien supérieurs aux éléments de sécurisation, renvoyés à demain. Cette fois, c'est clair, il n'est même pas question de sécurité. Vous nous proposez un texte de flexibilité pure et absolue sans aucune contrepartie pour les salariés. En quelques heures – et c'est là une énigme –, vous avez brisé votre image de négociateur et rompu le mécanisme de démocratie sociale qui semblait s'installer dans ce pays et que nous avions nous-mêmes soutenu. Avez-vous voulu ou avez-vous subi, monsieur le ministre, cette espèce d'extension de la dérogation rendue possible par la loi Fillon ?