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Intervention de ministre d'état

Réunion du 10 janvier 2012 à 17h00
Commission des affaires étrangères

ministre d'état :

Certains envisagent-ils une option militaire en Iran ? Clairement oui, on sait aujourd'hui qu'il y a débat parmi les dirigeants israéliens autour de cette solution. Nous pensons, pour notre part, qu'elle pourrait conduire à l'irréparable. C'est pourquoi nous faisons tout pour l'éviter, en suivant une double piste. D'un côté, nous restons ouverts au dialogue, de l'autre, nous sommes prêts à durcir les sanctions à l'encontre du pays, précisément pour éviter le recours à cette solution extrême.

Monsieur Luca, vous avez raison, nous avons été assez silencieux sur la situation au Tibet. Notre position n'a pourtant pas changé, vous la connaissez : nous demandons à la Chine de reconnaître la spécificité culturelle du Tibet. En sus de l'expression politique, il y a en effet l'expression culturelle de l'identité. Je ne manquerai pas lors de mes prochains contacts avec les autorités chinoises de revenir sur ce sujet que j'évoque régulièrement avec elles.

M. Bacquet me demande si j'ai évoqué avec mon homologue algérien la possibilité d'un retour des harkis en Algérie à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du pays. Nous étions convenus l'année dernière avec le président Bouteflika que cet anniversaire devrait être célébré dans un esprit de modération, en se gardant des extrémismes de tous bords. J'espère que cette ligne continuera de prévaloir, comme l'engagement en avait été pris, et que l'on tournera le regard vers l'avenir plutôt que le passé. Cela ne signifie nullement fermer les yeux sur le drame auquel vous faites allusion. Nous évoquons des situations individuelles au cas par cas. Faut-il voir un signe positif dans le fait que Jeannette Bougrab, fille de harkis, ait été très bien accueillie lors de son récent déplacement en Algérie ?

Monsieur Glavany, qu'il n'y ait aucune ambiguïté. Je suis extrêmement attaché au principe de laïcité, dont je pense moi aussi qu'il a une valeur universelle. N'oublions pas toutefois que dans notre histoire nationale, la laïcité a d'abord été un combat contre l'Église catholique qui refusait de reconnaître la séparation du spirituel et du temporel et contestait même les fondements de la République. Les choses ont évolué. C'est aujourd'hui en tant que respect de la liberté religieuse et des minorités religieuses que le principe a valeur universelle.

S'agissant de la position des autorités religieuses vis-à-vis des révolutions en Tunisie et en Égypte, force est de constater qu'il existe toujours une certaine « connivence » entre les pouvoirs en place et certaines autorités religieuses. Le plus fervent soutien du Premier ministre turc et de l'AKP n'est-il pas le Patriarche oecuménique Bartolomeo Ier, qui joue un rôle très important ?

Enfin, et c'est par cela que je voudrais conclure, l'extrémisme n'existe pas seulement dans la religion musulmane. On observe aujourd'hui, de nouveau, des manifestations extrémistes dans la religion chrétienne et dans la religion juive. Gardons nous donc de tout amalgame et ne stigmatisons pas une religion au motif de certaines dérives fondamentalistes. Nous avons intérêt à développer un dialogue interculturel et interreligieux avec l'islam comme avec les autres religions.

Pour être très attaché à la laïcité, je n'en organise pas moins chaque année à Bordeaux une réunion informelle où se rencontrent pour débattre l'évêque, le recteur de la mosquée, le grand rabbin, le chef des protestants, la représentante des bouddhistes – le thème de la prochaine rencontre sera mondialisation et religions. Je n'ai pas, faisant cela, l'impression de trahir le principe de laïcité. Je ne privilégie aucune des grandes religions, que je respecte toutes d'égale façon. Je pense simplement que leurs représentants peuvent nous apporter un éclairage utile sur le monde actuel.

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