Je peux comprendre votre scepticisme, d'ailleurs partagé par d'autres. Peut-être avez-vous même raison. Mais, pour ma part, je souhaite que l'on tente tout pour empêcher l'Iran de fabriquer la bombe atomique car la contagion serait catastrophique. La Turquie voudrait alors s'en doter également, et cette prolifération serait extrêmement dangereuse non seulement pour la région mais pour l'équilibre même du monde.
Monsieur Guibal, l'une des difficultés que rencontre la Ligue arabe pour agir, notamment en Syrie, tient à ce qu'elle ne constitue pas – pas plus que l'Europe des Vingt-sept ! – un ensemble homogène. Si l'Arabie saoudite est plutôt motrice dans l'initiative lancée pour placer le régime syrien au pied du mur, l'Algérie a une attitude plus mouvante.
Pour ce qui est de la place de la religion dans l'espace politique, je ne vous cache pas qu'il est difficile dans tous ces pays, où l'islam est religion officielle, de faire comprendre ce que nous entendons en France par laïcité. Ils ne comprennent pas la séparation étanche que nous opérons entre champ politique et champ religieux et font d'ailleurs valoir que certains pays européens en ont aussi une – la reine d'Angleterre n'est-elle pas le chef de l'église anglicane ? La conception française de la laïcité n'est pas facilement « exportable ». Ce qui doit être absolument garanti est le respect de la liberté d'expression religieuse pour toutes les religions et le respect des minorités – je pense aux minorités chrétiennes d'Orient, à d'autres aussi. C'est là une ligne rouge à ne pas franchir.